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Le premium de l’Ecritoire touche à sa fin

Je ne renouvellerai pas le grade « premium » pris il y  a 2 ans pour lancer l’Ecritoire. Je ne sais pas encore si je parviendrai à garder le site tel quel, c’est à dire avec toutes les archives, et je vous demande donc de récupérer vos textes et photos, et de les garder en lieu sûr chacun en particulier.

L’Ecritoire  continuera sous une autre forme, soit avec WP, soit avec une autre porteur, et sans doute sous le titre Ecritoire 2015.

Date limite, 27 septembre.

 

 

Quadrivocalisme

Quadrivocalisme

Ivresse des vers rimés,
Vide le verre de vin,
Libère l’irréel, crée les merveilles.Atelier-poesie-Audenge
Enigme recherchée, clé en ré
Encres ciselées.
Déferlez, ciels déchirés.
Sifflez, bises enneigées
Empirez, siècles en milliers,
Déchiffrez, cinq, six, dix, seize, mille destins,
Préservez, livres en péril,
Lisez, grecs en chemises fripées.
Perles éphémères, nées de l’irréel
Friselis de mystères
Echelle fêlée, de ces shèmes emmêlés.
Inspiré en ces liesses inversées,
Ce lied ni licencieux, ni silencieux,
Lisez-le les lèvres, ni bées, ni fermées.

Pour ce dimanche 31, j’ai écrit Quadrivocalisme sans  utiliser les lettres du mois d’A-O-U-T.

 

 

Evènement marquant de ce jour: ma petite fille Loïs fête ses huit ans.

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Dilemme

Texte inspiré par le commentaire de Lise, sur le texte Doute de Carnets paresseux.

Dilemme

Doute d’eux, douteux ?
C’est grave docteur ?
Prenez deux gouttes, vous serez guéri.DOUTE1211MOUTTE_08
Deux gouttes, seulement ?
Avez-vous peur que je m’en dégoûte ?
Ayez confiance en mes gouttes.
Excusez-moi, docteur si je mégotte,
Mais vous êtes sûr de votre diagnostic ?
Deux gouttes, c’est tout.
Je ne doute pas de vous, mais d’eux.
Mais d’elles, voulez-vous dire ?
Non, non, je dis bien d’eux. Je me méfie d’eux.
Qui sont-ils exactement ces deux là,
Pour que vous vous méfiez d’eux ?
Vos médicaments, parbleu.
Ce sont des pilules roses.
Auriez-vous quelque chose contre le rose ?
C’est ma couleur préférée.
Sinon, j’aurais très bien pu vous prescrire du bleu.
Je n’en doute pas docteur, mais j’ai peur du bleu
Vous voulez dire que vous avez une peur bleue,
Mais de quoi donc ?
J’ai une peur bleue de rien du tout ; j’ai peur du bleu.
C’est la première fois que j’entends parler de cette maladie.
Vous êtes sûr, vous n’avez pas voulu dire peur du noir…vous ne portez jamais de vert… ?
Voilà, je confonds toujours le vert et le bleu.
C’est grave docteur ?
Deux gouttes seulement.

Liste

Petite liste non exhaustive des saveurs à ramener de la Drôme à la fin des vacances :
Abricots en confiture
Olives de Nyons
Un picodon de Crest et aussi un de Dieulefit, si semblable et si différent
Tilleul des Baronnies

Historiettes

Historiettes

Août, te dis-je ! Qu’avais-tu entendu ? Out ? Ouste ? Aougoust ?
Alors c’est que je l’ai pensé en allemand.
Pas pensé, dit tout haut ?
Comment cela s’écrit ?
A-U-G-U-S-T.
Comme en anglais ?
Cela ne m’étonne pas. Car vois-tu, si le mois de juillet est riche de trente et un jours, août eut dû en avoir seulement trente …
Mais c’était sans compter avec ce cher empereur Auguste, qui voulut que ce huitième mois, à lui consacré, ait autant de jours que le mois de juillet, consacré à l’empereur Jules.
Jules ?
Jules César.
Et, tu as raison, tu serais née un premier septembre.
Et ton papa fêterait son anniversaire, normalement, comme tout le monde, tous les ans. Tu as encore raison.

PS : ce texte pourrait aussi être classé dans CALENDRIER.

AUGUSTEBshDhSlCMAQT_Qt.jpg largeProjet 2013 : une sculpture par jour FADIN Alexandra

Ma sculpture du 10 juillet 2013 célèbre en 2014 le bimillénaire de l’Empereur Auguste au Grand Palais

Rencontre

Hier soir, nous nous sommes enfin rencontrées. Rencontrés, je veux dire, car nos compagnons étaient là aussi. Le choc de cette seconde rencontre, les balbutiements :  » Mais quand vous êtes-vous rencontrées pour la première fois  » on nous demande . Et nous nous regardons, interrogatives :  » Heu …  »  Etais-ce  sur ce site ? sur ce blog ? A l’occasion d’un jeu d’écriture chez Untel ou Unetelle ? Où exactement nous sommes-nous rencontrées pour la première fois ? Nous l’avons oublié. Il y a des années maintenant que nous écrivons ensemble, au hasard de ses fantaisies  et de mes projets. Nous avons traversé les mois en riant, nous corrigeant, nous chahutant, nous bousculant. Nous avons traversé les ondes et l’énorme distance qui nous sépare « en vrai »  et nous nous retrouvions sur le seul ilot disponible : le petit écran de nos ordis.  Nous nous sommes imaginées, nous avons accroché l’amitié à un visage, un sourire, une photo de fleur ou de maison.  Nous pensions que nous connaissions tout ou presque l’une de l’autre.

Et puis hier soir, nous avons diné ensemble, ri ensemble, bavardé jusqu’aux minuit-presque. Nous avons souri et écouté et parlé encore, en interrompu l’autre et ri à nouveau et secoué la tête – et j’admire le mouvement des cheveux, l’éclat de l’œil vif, intelligent – je le savais, je le savais ! Il y a un bonheur à rencontrer l’autre fac à face, cette autre que nous croyons connaitre parce qu’ensemble nous avons échangé DES MOTS’ en oubliant qu’au delà du mot, au delà de la phrase, et jusque dans le silence il y a toujours la vie. Et que la VIE, c’est quand même autre chose.

La vie, c’est l’autre vivant dans notre sphère, dans ce cercle à notre échelle humaine, ensemble dans deux ou trois mètres carrés, à quelques centimètres les uns des autres,  autour d’une table.

Loin des écrans.

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lmg

Rituel

mASCARET à ST PARDON en 08 2014.bis jpg

 

Rituel

Attendue, guettée, elle avance.
Habituelle, chaque jour,
Evènementielle, parfois.
Phénomène rare, naturel
Joyeusement célébré,
Curiosités empressées.
Elle arrive, souple,

Longue, calmement étalée,
Avec gravité et murmure.
Observateurs émerveillés
Ecoutent son approche,
Révélée par un bruissement.
Etirée dans toute la largeur
La voilà, surfeurs du monde entier,
Celle que vous adulez,
De la rivière, inversant le courant,
La vague des grandes marées,
Notre MASCARET.

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Aujourd’hui, mardi 12 août 2014, à 18h19(heure locale), une marée de fort coefficient (113) va amplifier ce phénomène bi quotidien, que l’on nomme mascaret.

Ne le manquez pas si vous êtes de passage en Gironde. C’est un spectacle magnifique!

Pour ceux qui ne pourraient pas, vous pouvez avoir un aperçu de ce moment « grandiose » sur  Surf sur la Dordogne

 

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Bzzzzz (Août par Mme de K)

Salon frais et sombre

Jardin vibrant au soleil

Août à la maison

abeille

 

Arrivée

L’avion survole Boston, il penche et tourne, la jeune femme ferme les yeux, les rouvre très vite, évite de regarder par le hublot. Elle est assise à l’extrême bord du siège. Derrière elle il y a l’enfant, le tout petit, à peine 6 mois,  dans son panier, et qui dort comme un ange, sans soucis des trous d’air et autres turbulences. La jeune femme  crispe ses mains sur les accoudoirs, elle a mis la ceinture de sécurité, sans serrer. Elle laisse la place au panier souple, derrière elle. Son compagnon lui demande a voix basse si ça va et elle fait oui avec la tête, je vais être malade si je parle. Elle fait un sourire à bouche fermée, une autre turbulence, l’hôtesse vient et demande si tout va bien, ce n’est rien, madame, juste un gros orage sur Boston, nous ne pouvons pas nous poser, nous sommes un peu en avance, nous allons vous faire voir la ville, il n’y a aucun danger, vous pouvez regarder par le hublot, nous sommes en basse altitude.

Le bébé continue de dormir à poings fermés, avec ses cheveux roux , son teint de lait,  ses traits menus. La jeune femme se détend un peu, elle a dit que je pouvais regarder par le hublot et bien, je vais regarder par le hublot et voila tout. Elle se penche un peu, précipitée vers la petite fenêtre malgré elle par une autre turbulence ou bien est-ce l’avion qui se penche ? Le ciel est bleu marine, en bas une énorme plaine d’un bleu encore plus sombre, noir d’encre. « La mer » dit son compagnon qui ne semble éprouver aucune gène.  » L’océan, rectifie-t-il, se souvenant que pour elle, il n’y a qu’une mer, celle de son enfance méridionale.

L’hôtesse dit quelques mots suaves en français et en anglais. Il va falloir que je m’habitue à entendre ce langage pense la jeune femme. Son compagnon fait glisser le panier du bébé derrière lui,  » Assieds toi confortablement et essaie de relaxer, nous allons atterrir dans cinq minutes …  » Elle ferme les yeux. On descend, elle entend – croit entendre ? –  les réacteurs, elle ouvre un œil, regarde avec stupéfaction l’énorme plaine noire monter vers elle, referme les yeux précipitamment, appelle à l’aide tous les mouvements, toutes les méthodes de l’accouchement sans douleur, il y a six mois : respirez, bloquez, soufflez doucement, haletez. Relaxez vous totalement..

Ca marche. La nausée disparaît, les battements du cœur se calment. Elle a sa main dans celle de son compagnon, il bavarde avec l’hôtesse,  c’est fini. Nous sommes arrivés

Dans quelques minutes il y aura la cohue, les bagages, l’heure aux services de l’immigration, les papiers à montrer,  le bébé, réveillé qui sourit et tends les bras à chacun, l’officier de l’immigration qui demande si le voyage a été bon,  si elle compte rester longtemps, depuis quand elle est mariée et le compagnon qui réponds pour elle, montre des papiers … Dormir, je ne veux que dormir..

En sortant de l’aéroport, je marche sur un trottoir dans l’indifférence générale, stupéfaite :ils ne savent pas, tous ces gens autour de moi, que ce sont mes premiers pas en terra americana,  mon premier pas sur la lune, ma découverte qui va me prendre les trente prochaines années, mes stars and stripes  vrillés au cœur jusqu’à mon dernier souffle

Mon arrivée  à Boston, dans le plus bel orage qui m’est été donné d’admirer, de haut.

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lmg / 3 aout2014

Départ (Adrienne)

Qu’est-ce qu’il y a eu d’abord ? Qu’est-ce qui a tout déclenché ? Il ne s’en souvient plus.

Les cahots de la voiture le font constamment tressauter sur son siège. Il se cramponne au volant pour éviter d’avoir trop mal aux fesses, alors ce sont les muscles des bras qui trinquent. Fichue bagnole, fichue route aussi. Le soir tombant, il allume ses phares. Il a mal partout, le dos, la nuque, les épaules.

Ce qui lui manque encore le plus dans cette foutue bagnole, c’est une radio. Ça lui aurait tenu compagnie. C’est pour ça, peut-être, qu’il parle tout seul dans ce tas de ferraille. Juste espérer que ça tienne le coup.

Sur le siège arrière, un empilement de boites et de sacs, écroulés depuis longtemps dans un désordre qui ne peut annoncer que de la casse et des emmerdes. Il s’en fiche. Il est parti à la hâte, jetant tout son barda dans la vieille Jeep, sans faire le tri. L’important était d’avoir tout emporté. Et de s’en aller.

Il se dirige à l’instinct, suivant un parcours qu’il a plus ou moins en tête, évitant les autoroutes. Les yeux sur l’asphalte, il n’accorde aucune attention aux paysages pourtant magnifiques qu’il traverse.

Plus une seule cigarette! Il gratte dans le cendrier à la recherche d’un mégot qu’il pourrait rallumer. Peine perdue. J’aurais mieux fait de mettre l’oreiller sous mon derrière, au lieu d’empiler des boites par-dessus les affaires de couchage. Mais bon, j’avais pas le temps de faire dans le détail. Préméditation zéro. Les mains accrochées au volant, il ricane tout seul. Tempête dans un crâne, il connaît. Ce n’est pas la première fois.

La rejoindre à Vaasa n’est peut-être pas l’idée du siècle, mais il n’en a tout simplement pas trouvé d’autre. La route est longue. Il dormira quand il sera fatigué, n’importe où, au bord de la route. Juste le temps qu’il faut. J’y serai en trois jours, peut-être moins. Si je ne me perds pas en route.

Le soleil couchant au travers des bouleaux fait comme des étincelles rougeoyantes. Il est seul sur cette route depuis plusieurs kilomètres. A part le bruit du moteur, tout est parfaitement silencieux. Il redresse le dos, bascule sur ses hanches, fait rouler ses épaules… il tiendra bien encore une heure ou deux.

Je ne comprends pas que tu puisses vivre comme ça, disait-elle.

On s’habitue à tout, pourtant. D’ailleurs, c’est quoi, le confort? C’est quoi, le luxe? Qu’est-ce qui nous rend vraiment heureux? En ce moment, ce serait de pouvoir s’étendre sur un matelas et de roupiller un bon coup. Ça lui rappelle un détail de sa petite enfance. A la papeterie avec son grand-père, il avait été tout heureux de recevoir un beau paquet de buvards. Les gosses d’aujourd’hui savent-ils encore ce que c’est ?

Il repense à cet homme qu’il admirait tant. Il n’était pas beau, avec ses arcades proéminentes et son pied bot. Rien pour plaire. Jusqu’à ce qu’il vous parle. De tout, avec érudition. Et vous sourie. Toute la bonté du monde dans ce sourire.

Tout ce qui me reste de lui est là, dans un sac, sur la banquette arrière. Une photo gagnée dans un stand de foire, au tir à la carabine. Quelques lettres de sa main. Et sans doute aussi les buvards, qui étaient trop beaux pour être salis par de l’encre, et qui ont été de tous les déménagements.

Il sait que celui-ci ne sera pas le dernier.

Il sait qu’il est en route vers une femme qui ne l’aime plus.