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Articles de la catégorie ‘07 – Jeu de Juillet’

Le pénamatus

Le pénamatus est une plante nuisible peu originale qui pousse sous toutes les latitudes. Je l’ai découverte il y a déjà un grand nombre d’années, j’ai parfait mes connaissances sur internet et dans des livres choisis ; je pense être à même aujourd’hui de vous en parler avec assurance.

Le pénamatus peut donc naître n’importe où sur le globe terrestre. Petit il peut encore être redressé, mais si on tarde trop il va progressivement, au fur et à mesure de sa croissance, s’approcher d’une belle plante qui pousse à proximité jusqu’à se joindre à elle comme si elle s’y greffait. La plante « support » est généralement discrète, tendre et bonne. Le pénamatus l’envahit jusqu’à l’étouffer et l’obliger à vivre par elle-même. Celle qui était timide devient inexistante. Au moindre signe de singularisation, elle est immédiatement rappelée à l’ordre.

De jeunes pousses peuvent surgir du pénamatus. Immédiatement, dès leur apparition, elles forment la nouvelle raison de vivre du pénamatus. Si elles reçoivent un tant soit peu d’affection, celle-ci n’est jamais sincère et toujours intéressée. En réalité, le pénamatus n’a que lui-même dans son cœur, et nulle place pour aucun autre même les siens. Tout est toujours intéressé. Si les jeunes plaisent, ce n’est qu’à la condition de se mettre en adéquation parfaite avec la mère. Elles ne dérouleront leurs feuilles que sur un signe de la mère, elles n’auront d’avis que sur accord de la mère, elles ne réussiront que pour la mère. Toute velléité d’individualisation sera brimé sans recours.

Après un certain nombre d’années, les jeunes pousses émettent le souhait de prendre leur autonomie pour s’enraciner plus loin, le pénamatus déploie alors des trésors d’ingéniosité pour les maintenir dans sa proximité immédiate et garder un contrôle total et absolu sur sa progéniture.

Le pénamatus sombre dans le désespoir, les pousses se recroquevillent sur elles-mêmes. Elles  ont tellement entendu qu’elles ne pouvaient être capables de se débrouiller seules et que seul le pénamatus avait les capacités de les aider qu’elles ont fini par le croire, et qu’elles ont appelé le pénamatus au secours, de telle sorte qu’il a pu briller par tous les services qu’il semblait rendre.

Un jour le pénamatus mourra, mais les jeunes pousses devenues vieilles ne redresseront plus jamais, elles resteront indéfiniment courbées devant le souvenir du pénamatus pervers, narcissique et manipulateur.

Sur les traces de George Sand

 Il y a quelques années, le temps d’un week end,avec l’atelier Talents, nous sommes partis dans le Berry « Sur les traces de George Sand ».

Je raconte la recherche de la MARE au DIABLE.SAND

Cette hécatombe de lucanes cerfs volants m’a inspiré,  le texte suivant:

S comme SandSAND petite fille1gs_ptte

 Aurore, hors d’haleine, grimpe quatre à quatre les marches du château, traverse le hall d’une traite, ouvre une porte à toute volée.

La cuisinière, en train de préparer un cent d’escargots, lève la tête, soulagée :
« Où étais-tu?Ta grand-mère se fait un sang d’encre ! Elle t’attend depuis des heures. »
Aurore, reprenant ses esprits, explique : « J’avais pêché un sandre, et je décrochais l’hameçon quand une bête a surgi de la mare, comme un diable ; une grosse bête noire avec des cornes pointues, des ailes immenses. Cela faisait un bruit énorme, ses cornes claquaient l’une contre l’autre. Alors j’ai couru, j’avais peur. »
« Mais par où es-tu passée ? Tes vêtements sont sans dessus dessous. »
Les ronces ont déchiré sa jupe, giflé ses joues, accroché sa coiffe et dénoué ses boucles brunes.
« Je voudrais bien mettre des pantalons, comme cela je pourrais courir plus vite ; et passer facilement entre les buissons. Germain et François, eux, n’ont pas été empêchés par les ronces. »
Pendant qu’elle raconte, une fille de cuisine est allée prévenir la grand-mère.
« Sans doute avez-vous raison, mademoiselle. »
Sa grand-mère est là, qui la serre en riant dans ses bras.
« Et bien Aurore, en voilà une jolie tenue. Il vaut mieux ne pas s’endimancher pour aller courir les bois. »
« Mais, grand-mère, je…
« Oui je sais, allez, va vite te changer. Nous t’attendons pour dîner. »
Aurore traverse le hall, sautant, comme pour le jeu de la marelle sur le carrelage à gros carreaux noirs et blancs. Ses sandales laissent des traces humides.
Pendant le dîner, sa grand-mère buvant un vin noir, épais, Aurore lui demande :
« Grand-mère, quand est-ce que je pourrais boire de ce vin ? Tu m’as bien dit qu’ on l’appelle sang de taureau. Quel drôle de nom !»
« Quand tu seras plus grande. Tu feras beaucoup de choses quand tu seras grande. » »
« C’est dommage que je n’en ai pas bu, quand la bête est sortie de l’eau. »
« De quelle bête parles-tu ? »
Aurore lui explique. Alors sa grand-mère lui montre des gravures d’insectes et Aurore reconnaît son agresseur ; c’est un lucane.

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Titre de juillet 5 / Phasmagorie, par LeR@miou

Je suis un homme à phasme.

Non, ne rigolez pas.

Je dois être pour eux un fantasme,

Là, jen ai plein les bras.

Du matin jusquau soir

Ou du soir au matin,

Ils font mon désespoir

En marpentant sans fin.

Je les sens gratouiller,

Sans la moindre excuse,

Ma peau toute craquelée

Sur laquelle le vent fuse.

Se confondent aux ramures

Et les distingue si peu moi-même,

Perdus dans ma parure

Jusquaux pointes les plus extrêmes.

Mais quelle idée leur a pris

De me coloniser

A ces brins sans abris ?

Jen suis tout maculé.

Vous qui passez sans les voir

Au milieu de tout ce marasme,

De mon écorce ils sont le miroir,

Et leurs mouvements déclenchent mes spasmes.

Imperceptibles au premier coup dœil,

Ils menvahissent coûte que coûte,

Comme échoués sur un écueil,

Accrochés à ma croûte.

Je ne suis quun vieux chêne

Aux siècles ébouriffés

Et quand ils se déchaînent,

Je bouge sans avancer.

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:oj LeR@miou

 

Phasmes 3 / Délire en plein midi sur une route déserte, par Lise

 ecritoire phasmes juil 2014

C’est devant moi la route unie longue double pointue tout au bout. Elle traverse le paysage de part en part sans un arbre. Un cauchemar de route, une route de thriller. Au bout, on a tracé une grande ligne horizontale, ferme et dure, cadenassée par un trait plus sombre qui clôt la prairie. Le vert là-bas s’intensifie pour finir en mauve. Et par-dessus, le ciel.

Il est là gigantesque, plus grand que tous les immenses possibles. Il tourne lentement au dessus de moi, muet, sans résonances. C’est effrayant ce silence du ciel à midi dans la plaine, avec un soleil plus orange que jaune loin des citronniers. Tous les vides y tournoient sans fin et je me sens devenir insecte dans les bleus de l’été, cigale, mante religieuse, fourmis, phasme aride.

Deux oiseaux arrivent de la droite, traversent l’espace avec des cris aigus. Ils disparaissent vers la gauche, absorbes  par l’azur, noyés dans le vide. Le ciel se rendort, solitaire, dans la torpeur de cette mi-journée.

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lmg 2008

Juillet 1 / Vogue la galère, par Jacou

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Vogue la galère

Au temps jadis, un incroyable cataclysme, du jamais vu, ébranla la terre.
Maisons, arbres, abris, ruisseaux, océans, tout fut englouti.
Heureusement Noé veillait, l’œil attendri par toutes les merveilleuses petites choses de la vie.
Il y en avait des plus ou moins belles, j’en conviens.
Mais s’il avait sauvé que les belles, je ne serais pas là aujourd’hui pour vous raconter la suite…
Rembobinons ; cré nom de nom, pensait-il se grattant la tête – ces petites bêtes, aussi, il les sauva-
Donc Noé se massait le cuir chevelu ; cela l’aidait à remettre ses idées en place.
Il calcula rapidement le nombre d’espèces naturelles, multiplia par deux, restant dubitatif, quelques instants, se regrattant la tête.
Il convoqua, qui convoqua-t-il ? Non personne, ils avaient tous disparu.
Il allait se taper le front, se ravisa, ne voulant pas tuer le dernier moustique vivant, se laissa piquer stoïquement.
Se mit au contraire à chercher le compagnon ; songeant qu’il aurait bien besoin d’une moustiquaire.
Une araignée fit l’affaire, tissant un tulle quasi transparent, d’une solidité à toute épreuve.
Elle en entoura Noé, et ne le quitta plus d’une semelle. En chemin, d’autres arachnides, blanches, vertes, poilues, velues, noires, jaunes, une tribu, s’accrochèrent, formant un convoi bariolé.
Noé, véritable arbre printanier attira les oiseaux, perroquets, moineaux, merles, étourneaux- pas tant que ça-, pies, flamands roses, une volière complète nicha dans la moustiquaire.
Réveillés par les criailleries, jacasseries et autres caquetages, les animaux arrivèrent quittant leurs jungles, leurs étables, leurs forêts, les tanières, se joignant au cortège.
Noé, bien embarrassé, se gratta à nouveau le cuir chevelu. Où mettre tout ce beau monde à l’abri ? Le temps pressait, et l’autre devenait de plus en plus menaçant.
Une bourrasque plus violente, se leva ; un arbre chut ; heureusement sans blesser personne. C’était un spécimen de grande taille, genre baobab.
Vint une idée à Noé. Cet arbre était l’arbre du destin ! Il allait le transformer en bateau.
Cette fois-ci il convoqua tous les animaux présents, en âge de travailla ; qui scia, creusa- et oui, il emporta aussi les termites-, griffa, martela.
Quand l’œuvre fut achevé, chacun la contempla, épuisé mais heureux. Alors apparut le serpent ; on l’avait oublié.
D’où venait-t-il ? Il n’en dit rien, mais évoqua le sort d’un couple ; ce couple était un peu différent, car expliqua-t-il, il se déplaçait d’une étrange façon ; ne rampait pas, utilisait seulement deux pattes, les autres étant utilisées à d’autres activités que la marche.
Ainsi, une des deux créatures avait pour habitude de lever une patte pour se saisir de fruits, les mangeait, les tendait à l’aide de cette patte à son compagnon ; ils mordaient parfois dans le même fruit. Qu’ils étaient beaux à ces moments-là !
On décida de partir à leur recherche.
Grâce aux indications du serpent, ils furent vite trouvés.
A la vue de cette étrange caravane, ils tentèrent de fuir ; mais Noé leur parla ; d’une voix douce et convaincante.
Ils se rapprochèrent, corps enlacés ; qu’ils étaient beaux !
On les amena au bateau, les invitant à prendre place eux aussi.
Puis le navire vogua, sur des eaux tumultueuses, ou calmes.
Tous les jours, on improvisait une fête ; pour une union, une naissance. Il y eut des disparitions ; la vie reprenait comme avant.
Vint le moment de se séparer ; personne n’avait envie de se quitter.
Mais Noé avait d’autres missions.
Le bateau accosta au milieu de nulle part. on descendit, se disant au revoir, se souhaitant bonne chance, décidant de se retrouver très vite.
Noé repartit, laissant là son petit monde ; il y avait d’autres cataclysmes à prévoir.

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Titre de Juillet

Nous y voici,  encore une journée et demain ce sera l’autre mois. Le suivant, le prochain, le juillet des vacances des feux d’artifices et de la canicule – parfois difficile à vivre, parfois empreint de découvertes, un mois un peu fou.

C’est un texte de Jacou33 qui m’a donné l’idée du titre de juillet : il tient en deux mots,

PHASMES ET FANTASMES

: on peut y parler de fantômes et d’insectes,  de jardins et de châteaux hantés ou non, de tuyaux ( mon plombier !) d’herbes sèches, de soleils jaunes et crépitants, de tout ce qui fait notre monde, de tout ce qui devrait le faire. Bref, vous l’avez compris : on s’éclate, on est en vacances, on fantasme si on aime ça, on recherche des phasmes ou des papillons, ou des coquillages : bref, on se penche sur l’infiniment petit ou on se hausse vers l’infiniment grand.  Juillet, c’est le mois de la liberté, ne l’oublions pas.

Merci à vous tous qui passez ici, auteurs et lecteurs, merci pour vos textes, vos images, vos commentaires : merci pour la vie que vous insufflez à l’Ecritoire et à l’Ecriture : l’une et l’autre vont leur petit bonhomme de chemin, sans se presser, comme il se doit.

Bonne écriture, mes amis.

Jeu de Juillet 3 / Ma chère Lucette, par Ma’

Ma bien chère Lucette,

Il n’y a qu’à toi que je peux dire ce que je vis ici. Je sais que tu ne m’en tiendras pas rigueur et que tu sauras trouver les mots pour adoucir la vérité auprès de notre mère, de ma tendre Marie et de notre petite Louison. Je sais aussi que malgré tout, tu veilleras sur elles trois et que tu trouveras les ressources nécessaires pour que la vie continue si jamais… Lire la Suite

Jeu de Juillet 3 / Adieu Clara, par Jaleph

Adieu Clara,

Trente ans d’eau passée sur tous les ruisseaux de la sphère. Adieu, je ne te l’ai pas dit, toi pas plus que moi. Ben non, on s’est façonné des phrases en portes entr’ouvertes, en fenêtres pleines de dessins de jardins, en trous de serrures à l’ancienne, de celles qui offrent encore du réceptacle à notre curiosité.

Je ne sais où tu habites, en quel lieu, en quel pays, ni même sur quel continent. Quelle injustice pour nous qui nous rencontrâmes hors de celui qui nous vit naître.

San Francisco, nous étions sept à la quitter à bord de ce vieux Bedford rouillé jusqu’à l’os. Il devait nous permettre de rejoindre le Bélize et pendant que je pilotais cette catastrophe sur roulettes, tu restais à mes côtés tandis que les copains s’assoupissaient à l’arrière du véhicule, assis sur des caisses en bois en guise d’appuis-fesses.

Merci Clara de m’avoir tenu éveillé,

au propre comme au figuré.

Jeu de Juillet 1 / Chère P., par Adrienne

Chère P.

Il n’y a qu’à toi que je puisse le dire, et bien certainement je ne le dirai à personne d’autre. Je sais d’ailleurs que ça restera tout à fait entre nous.

Chère P., quand j’ai appris la nouvelle, il y a vingt ans, j’étais en plein milieu de mes vacances. C’était le 31 juillet et je suis sûre que toi aussi tu te souviens de ce jour-là. J’étais encore au lit, mais j’avais allumé le radio réveil  pour avoir les actualités. Et comme tu peux le deviner, j’ai été servie !

A l’époque, j’aimais tellement ton beau-frère que j’en ai été bouleversée. Complètement atterrée. Le monde, mon monde, allait-il s’arrêter de tourner ? Un homme que j’avais, me semblait-il, toujours connu, un homme qui était une figure de proue, un guide, un père presque?

Chère P., il n’y a véritablement qu’à toi que je peux le dire : je n’ai pas cru que ton mari serait à la hauteur. Je le percevais comme un homme léger. Je me rends compte aujourd’hui que je me trompais. Voilà ce que je tenais à te dire. Rien qu’à toi.

Alors aujourd’hui, vingt ans plus tard, le 3 juillet, au moment où je m’apprète à partir en vacances, voilà que l’actualité du jour m’interpelle de nouveau. Et tous les doutes que j’avais à propos de ton mari, d’autres aujourd’hui les ont au sujet de ton fils.

Chère P., tu as fait un boulot difficile et tu t’en es bien tirée. Tu as bien le droit de prendre des vacances. Et ton mari aussi.

Je t’embrasse

Jeu de Juillet

Après les vacances de rêve dans la tête, lancé par Madame de K le mois dernier, restons dans les mois de farniente, à l’ombre ( ou sur la plage), ( ou à l’usine ) et écrivons à notre meilleur(e) ami(e) pour lui raconter ce qui nous est arrivé… hier soir. Oui, le thème de Juillet, c’est une lettre, qui commence par :

 «  Il n’y a qu’à toi que je puisse dire … »

 Et non, la correspondance e-mail , et les textings ne seront pas pris en compte. 😉