Le pénamatus
Le pénamatus est une plante nuisible peu originale qui pousse sous toutes les latitudes. Je l’ai découverte il y a déjà un grand nombre d’années, j’ai parfait mes connaissances sur internet et dans des livres choisis ; je pense être à même aujourd’hui de vous en parler avec assurance.
Le pénamatus peut donc naître n’importe où sur le globe terrestre. Petit il peut encore être redressé, mais si on tarde trop il va progressivement, au fur et à mesure de sa croissance, s’approcher d’une belle plante qui pousse à proximité jusqu’à se joindre à elle comme si elle s’y greffait. La plante « support » est généralement discrète, tendre et bonne. Le pénamatus l’envahit jusqu’à l’étouffer et l’obliger à vivre par elle-même. Celle qui était timide devient inexistante. Au moindre signe de singularisation, elle est immédiatement rappelée à l’ordre.
De jeunes pousses peuvent surgir du pénamatus. Immédiatement, dès leur apparition, elles forment la nouvelle raison de vivre du pénamatus. Si elles reçoivent un tant soit peu d’affection, celle-ci n’est jamais sincère et toujours intéressée. En réalité, le pénamatus n’a que lui-même dans son cœur, et nulle place pour aucun autre même les siens. Tout est toujours intéressé. Si les jeunes plaisent, ce n’est qu’à la condition de se mettre en adéquation parfaite avec la mère. Elles ne dérouleront leurs feuilles que sur un signe de la mère, elles n’auront d’avis que sur accord de la mère, elles ne réussiront que pour la mère. Toute velléité d’individualisation sera brimé sans recours.
Après un certain nombre d’années, les jeunes pousses émettent le souhait de prendre leur autonomie pour s’enraciner plus loin, le pénamatus déploie alors des trésors d’ingéniosité pour les maintenir dans sa proximité immédiate et garder un contrôle total et absolu sur sa progéniture.
Le pénamatus sombre dans le désespoir, les pousses se recroquevillent sur elles-mêmes. Elles ont tellement entendu qu’elles ne pouvaient être capables de se débrouiller seules et que seul le pénamatus avait les capacités de les aider qu’elles ont fini par le croire, et qu’elles ont appelé le pénamatus au secours, de telle sorte qu’il a pu briller par tous les services qu’il semblait rendre.
Un jour le pénamatus mourra, mais les jeunes pousses devenues vieilles ne redresseront plus jamais, elles resteront indéfiniment courbées devant le souvenir du pénamatus pervers, narcissique et manipulateur.