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ECRIRE ENSEMBLE 7 / Grand Café

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Grand Café

 

Une once de diplomatie : elle a obtenu que leur rencontre se déroule dans un lieu public. Primo rencontre. Approcher un anonyme demande quelque précaution élémentaire. Enfin, pas totalement inconnu, l’homme, sauf s’il a menti sur sa propre personne lors des échanges électroniques. Il semble sincère. Prudence quand même, on devine quelquefois des dérapages bien inquiétants en matière de quête d’âmes sœurs.

Ce sont ses collègues du salon de coiffure qui l’ont incitée à faire le pas. A l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, elles ont déposé dans les mains d’Amélie un gâteau tout rond, glacé-sucré. La dextre d’un artiste pâtissier    y a calligraphié une prière ancestrale au tracé chocolaté,  : « Sainte Catherine, ne me laisse pas mourir célibataire. Un mari, sainte Catherine, un bon; mais plutôt un que pas du tout ». Prière soulignée par son prénom : « Amélie ». Elle se serait passée de cette précision !    

C’est l’heure H, celui du rendez-vous. Amélie passe trois fois devant la porte du « Grand Café des Cuivres ». Elle doit se décider. Il doit s’y trouver déjà. Pour qu’ils puissent se reconnaître,  elle porte son ensemble turquoise. Lui, arrivé un peu en avance, doit lire son journal. Pas de photos via Internet, choisissant ne pas s’influencer mutuellement d’une façon ou l’autre. Mais il l’avait assuré être bien de sa personne.

Amélie pousse la porte centrale du grand établissement ; à peine dans les lieux, elle compte cinq individus seuls, tous beaux, chacun le nez dans sa gazette. 

«  Voila bien ma chance, » pense-t-elle avec un sursaut d’indignation. Timide depuis l’enfance, réservée a la limite de la sauvagerie, Amélie  s’est pourtant jurée de faire tous les efforts nécessaires pour sortir de cette léthargie boulot-dodo qui risque de l’entrainer dans une vie  routinière et sans intérêt si elle n’y met le holà. Elle s’est persuadée que ses amies ont raison : il lui faut un mari, des enfants, une famille. Orpheline trop tôt, élevée décemment mais sans  tendresse par sa tante célibataire, Amélie  a d’abord souffert d’isolement, avant de s’habituer a la torpeur des jours.

A la mort de Tante Alice, elle n’a rien changé au rythme de vie une fois pour toute établi par la vieille dame.  Elle continue d’habiter dans la maison ancestrale, trop grande pour elle et que l’héritage de sa tante suffit à peine à entretenir.  Le seul fait marquant dans sa vie, depuis trois ans, c’est ce travail dans le salon de coiffure de Carole. 

Dès son arrivée, Carole s’était comportée comme une mère de substitution pour elle. Amélie avait trouvé réconfort et écoute dans le joli salon de coiffure. De toutes les employées de Carole, elle était la plus jeune et chacune y allait de son conseil sur la façon dont elle devait mener sa vie. Mais chaque fois, les mêmes mots revenaient : mari, enfants, famille… 

Amélie n’avait bien entendu pas envie de passer sa vie toute seule mais il lui semblait avoir encore le temps. Ses amies étaient certaines du contraire : l’horloge biologique tournait et cela n’arrangerait pas ses affaires que de laisser trainer. La dédicace sur le gâteau avait été le coup de grâce. Après tout, elles avaient l’expérience et attendre ne ferait pas disparaître sa crainte de se lancer !

Et pourtant, impressionnée par les lieux, anxieuse à la crainte d’une déception , anéantie à l’idée de ne pas aborder le bon homme, Amélie ne parvient pas à avancer dans le Grand Café.

« Attention Mademoiselle ! »

C’est le garçon de café qui vient de l’interpeller après avoir failli renverser sur l’ensemble turquoise trois grands crèmes et un chocolat chaud qui se trouvaient sur un plateau en équilibre au bout de son bras.

 » Bon c’est malin  » pense-t’elle,   »moi qui avais presque décidé de rebrousser chemin, me voici contrainte de poursuivre maintenant qu’ils me regardent tous !  »

 Bien consciente que son ensemble turquoise l’identifie, elle se refuse de butiner à la ronde pour le débusquer et choisit de s’asseoir bien en évidence au centre de la place et attendre qu’il daigne se manifester.

 Maugréant intérieurement contre ses collègues qui l’ont foutu dans un tel guêpier, elle observe discrètement les cinq penchés sur un journal.  Celui qu’elle soupçonne être son « contact » se lève , passe devant sa table et va rejoindre une dame à la terrasse. Un autre replie sa gazette, paie sa consommation et quitte les lieux.

 Dégoûtée et déçue elle s’apprête à en faire autant quand le garçon de café se présente pour prendre sa commande . (Marie-Ange)

– Vous avez fait votre choix, Mademoiselle ?

Elle lève les yeux vers lui, un peu désorientée. Elle soulevait précisément les fesses de sa chaise et avait repris en main son petit sac. Elle se laisse retomber. Diable, en voilà un beau brun ténébreux !

Je devrais venir ici plus souvent, se dit-elle en laissant glisser son regard le long de ses larges épaules jusqu’à ses mains. Il n’a pas de bague. Ça ne veut peut-être rien dire,  restons calme…

– Euh… oui… apportez-moi un cappuccino, s’il vous plaît.

Puis dans un grand sourire elle ajoute :

– Je sais que ce n’est pas l’heure du cappuccino et que les Italiens le considéreraient comme une hérésie…

Il rit, découvrant de belles dents avec un petit interstice entre les incisives.

– Ne vous inquiétez pas ! Je suis d’origine italienne et j’aime tant le cappuccino que j’en boirais à toute heure ! Je vous apporte ça tout de suite…

Elle le suit des yeux quand d’une pirouette il se dirige vers le comptoir. Serait-il possible qu’un si bel exemplaire soit encore libre ? Elle n’ose y croire. Mais ce qui est sûr, c’est que leur petit échange l’a complètement rassérénée. Elle se sent parfaitement à l’aise, tout à coup, cale son dos contre sa chaise, tapote son portable, murmure un prénom… Fabio… Elle l’a vu sur son badge.

Elle ne se rend pas compte qu’à demi-cachés derrière leur journal, des regards l’observent…

(Adrienne)

Fabio connaît le métier. Sans le montrer : observer la clientèle. Son meilleur outil est le grand miroir du comptoir, qui lui sert de rétroviseur. A l’arrière du zinc,  ses mains s’affairent dans les tâches courantes. Préparer les boissons, nettoyer tasses et verres, lustrer les cuivres, raviver le miroir du bar. Mais il voit tout et sait tout de ce qui se passe dans le grand café. Détecter le moindre sourcil quémandeur d’une cliente ou d’un client. Deviner le juste moment ou son choix est fait, l’instant où il relève les yeux de la carte des boissons, une seconde avant que son regard sur sa tête périscope et que son index levé prie le ciel que quelqu’un l’aperçoive pour venir prendre sa commande. Tel un ange prévenant, Fabio se déplace alors en glissant à trois centimètres du sol,  invisible dirait-on. On est surpris et charmé de le voir si rapidement près de soi, sans qu’il vous presse pour autant. Il arbore son merveilleux sourire nature. La commande passée, Fabio dépose sur votre table l’objet de votre gourmandise  dans un laps de temps si court que vous cherchez son jumeau à travers la salle.

Fabio voit tout, et ce qu’il vient de voir l’intrigue. La jolie demoiselle semblait attendre quelqu’un. Une personne qui n’est jamais venue. Elle est passée aux toilettes où elle a dû replacer quelques mèches de cheveux en bon ordre, a commandé un deuxième cappuccino, a demandé l’addition en accrochant son sourire à ses sous. Elle a quitté  l’établissement en lui faisant signe de la main ; cela ressemblait à un au-revoir. Elle était restée seule cinq minutes encore après que le dernier journaleux ait quitté les lieux. Ce qui est intrigant, il en mettrait sa main à couper, c’est qu’un de ces trois personnages repassa devant le grand café vingt secondes après que la jolie demoiselle en tailleur turquoise ait quitté les lieux. Et quand elle traversa le boulevard et qu’elle disparut en tournant au coin de la rue, Fabio en fut certain, ce type la suivait. 

(Jaleph)

Et ça, c’était quelque chose que  Fabio supportait difficilement. Qu’un individu se permette de manquer de respect à une dame, et plus encore une jolie fille qui n’avait rien d’une allumeuse, au point de la prendre en filature.  » Et dans quel but ? « , se demandait Fabio courroucé. Il l’avait classée dans les filles « bien » dès qu’elle avait mis le pied dans l’établissement.

Et dans sa morale  à lui, Fabio, personne ne devait suivre une fille bien, point final.

Justement, Marin, le jeune étudiant qui prenait la relève, arrivait en se frottant les mains, la bouche pleine d’histoires drôles que Fabio ne lui laisse pas le temps de raconter :  » A demain ! « .

Et il s’envole aux trousses de l’autre  le long du trottoir en direction des bords de Seine.

La jeune fille turquoise ne se doute de rien et continue son chemin tranquillement, toute occupée à revivre l’épisode de la conversation avec Fabio, et son irrésistible sourire.  » Je ne suis pas venue pour rien, tous comptes faits « , pense-t-elle, contente.

Elle aime que les comptes soient faits, et ronds.

(Lise)

____

L’homme qui lui a emboîté le pas s’appelle Lucas, il est le frère cadet de Carole la propriétaire du salon de coiffure.

 Beau gosse mais affreusement complexé parce que bègue, il s’intéresse à Amélie depuis longtemps, mais n’a jamais réussi à le lui faire comprendre.

 Le contact anonyme par internet lui semblait la panacée miracle, mais voilà que l’approche de visu n’est toujours pas faite et que ce tombeur de Fabio risque de la courtiser et séduire à sa place.

 C’est l’urgence d’agir qui l’a poussé à cavaler derrière elle, maintenant, de plus en plus proche de la rejoindre, il se sent terriblement ridicule et démuni et craint fortement un autre rejet.

 La voici arrivée devant le portail de sa maison, par réflexe , elle se retourne pour s’assurer qu’elle n’a pas été suivie, avant d’ouvrir.

 Son regard s’illumine, elle sourit et tend la main pour se présenter.

Marie-Ange

« – Madame Labranche, vous êtes bien madame Labranche ? Vous vous présentiez aux municipales, je ne me trompe pas ?

– C’est bien cela, vous êtes madame ?

– Appelez-moi Amélie, tout le monde m’appelle ainsi, je suis coiffeuse.

– Ce n’est pas une raison pour manquer de nom de famille, vous ne pensez-pas ?

Amélie se vexe, elle pense à toute allure qu’elle aurait voulu la féliciter pour son programme, qu’elle regrettait sincèrement que cette madame Labranche ne put remporter suffisamment de suffrage, mais qu’en définitive, elle la trouvait tout à coup beaucoup moins séduisante que sur les affiches électorales et que ben oui, c’était bien fait pour sa pomme si elle n’avait pas été élue.

La dessus, madame Labranche la salue d’un petit sourire pincé et poursuit son chemin de trottoir, traînant derrière elle un effluve de lavande et d’ail.

Amélie fouille dans son sac à la recherche de ses clefs. Deux ombres se profilent, l’une à sa gauche et l’autre à sa droite. Sur l’instant, elle croit à une agression. Amélie doit se forcer à dévisager les deux individus, elle lève les yeux vers la gauche et reconnait Lucas. Habillé d’un complet veston gris chiné et d’une jolie cravate sur chemise parme, elle ne l’avait pas capté attablé au Grand Café des cuivres. Lui qui est toujours fringué à la « Gaston Lagaffe ». Elle ne prononce pas un mot, sourit brièvement et tourne la tête vers la droite. Elle reconnait tout de suite Fabio, le beau garçon du bar. Et là, dans une sorte de réflexe incompréhensible, elle fait une chose incroyable, sans en envisager les conséquences. Elle lance à la cantonade : « et si on allait prendre un verre chez moi » ?

jal

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Les grands esprits …

… se rejoignent, et je vous jure, croix de bois, croix de fer, que je n’avais pas vu l’article de François Bon avant de penser à un été de création à plusieurs mains. Mais ça me fait plaisir quelque part, de savoir que je ne suis pas seule farfelue à me lancer dans cette ‘tain d’aventure scribouillarde !

F. Bon lance  un atelier d’écriture 2013 : un été pour écrire, hélas complet au bout de 3 jours avec 48 participants, mais si vous êtes membre de publie.net, vous avez accès au blog et pouvez suivre les directives de l’écrivain.

Je cogite : 48 participants, ça fait combien d’heures devant l’écran juste pour écrire un petit mot sympa à chacun, chaque jour ?

( ça se voit que je bave d’envie ? )

Jeu de juin 5 / C’est les vacances … , par Ma’

C’est les vacances dans ma tête !
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Depuis ce matin, une pluie battante martèle les carreaux de la fenêtre. Nous devions partir randonner au petit jour mais il nous a fallu revoir nos projets. Et si l’on en croit la météo, nous allons avoir ce même temps toute la semaine.

Et je suis là, devant la fenêtre à regarder ces montagnes… enfin, regarder est un bien grand mot car cela pourrait tout aussi bien être la rade de Brest ! On ne voit rien, strictement rien à part un rideau de pluie et un ciel sombre et bas. C’était bien la peine de faire tant de kilomètres. Nous voilà coincés à dix dans un gîte microscopique où il n’y a même pas un jeu de société digne de ce nom ! Je les entends jouer à « dessiner c’est gagné » sur un petit calepin tiré du fond d’un sac. Personne n’a osé tenter de sortir jusqu’à l’unique commerce du village vérifier si par hasard il ne s’y vendrait pas un jeu de cartes. Trop de risques de revenir bredouille, alors à quoi bon se mouiller.

Moi, l’anti-citadin, je ne vais pas tarder à regretter Paris et son offre pléthorique d’activités quel que soit le temps ! Dire que j’avais voulu prendre un livre mais que les autres m’en ont dissuadé : « on part ensemble en rando, tu ne vas pas emmener ton bouquin tout seul dans ton coin ! » Ma première erreur a été de me laisser convaincre de venir, la seconde de me laisser convaincre de ne pas emporter de lecture… Ceci dit, un livre n’aurait pas suffi aux longues heures pluvieuses et aurait laissé un goût de trop peu.

 « Que fais-tu tout seul à la fenêtre ? »

Je me retourne et j’aperçois Margot qui m’observe. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est là mais j’ai l’étrange sensation qu’elle ne vient pas d’arriver.

« Je ne sais pas.. je regarde dehors… peut-être que si on regarde assez longtemps, les nuages finissent par partir, tu ne crois pas ? »

Elle éclate de ce rire cristallin qui me fait fondre. C’est à cause de ce rire que je suis ici, du moins en partie car il y a aussi les yeux malicieux, le sourire mystérieux, les tâches de rousseur, la soie des cheveux…

« Tu ne devrais pas rester tout seul, tu devrais venir avec nous… ce n’est pas bon de rester tout seul ainsi à maugréer contre ce qu’on ne peut changer ! »

J’ai envie de lui dire que les jeux qu’ils font sont sans intérêt et confinent à la stupidité mais son regard m’en empêche. Je ne peux qu’accepter son offre et rejoindre notre groupe autour de la petite table. Tous se serrent pour me laisser la place où glisser ma chaise.

 Ils sont en train de décider de changer de jeu, au moins je n’ai pas l’impression de débarquer au milieu d’un rituel auquel je n’aurais pas été convié.

Margot me regarde de nouveau avec insistance. Je suis obligé de détourner les yeux sous peine de piquer le plus beau fard de toute mon existence.

« Et si on imaginait nos pires vacances ? Tiens, Jean, toi qui vient de nous rejoindre, commence ! »

C’est Franck qui a parlé, et quand Franck vous demande quelque chose, il n’est pas possible de refuser, une intonation dans sa voix ne l’autorise pas.

« Je ne sais pas trop, je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question »

Tous se sont tournés vers moi. Si je ne voulais pas rougir, je crois que c’est complètement raté… Le mieux que j’ai à faire est de trouver un truc à dire, n’importe quoi et de passer le tour au suivant.

« Voyons, les pires vacances que je pourrais passer… « 

Surtout ne pas parler de montagne, de rando qui n’a pas lieu, de météo pourrie…

« ce serait sans doute à la mer… vraiment je préfère la montagne à la mer »

Mais de quoi je parle ? Je suis un marin dans l’âme, moi ! Et zut, trop tard pour revenir en arrière. Je vais le prendre comme un exercice de rhétorique pure, pas la peine de le raccrocher à mon vécu ou mon ressenti.

« donc, je serais à la mer.. et il ferait beau, très beau… un soleil de plomb »

Doucement, doucement, faut pas que j’en fasse trop sinon, ils vont sentir que ça cloche.

« le sable serait brûlant à cause du soleil, la mer serait calme mais fraîche ce qu’il faut »

Non, mais bientôt je vais leur dire que les Maldives c’est moche et que les Seychelles c’est surfait à ce rythme

« il y aurait plein de poissons multicolores qu’on pourrait voir avec juste un masque et un tuba, je serais logé dans un bungalow avec une vision sous-marine dans la table basse, même pas besoin de plonger pour voir les poissons »

C’est pas vrai, je suis en train de leur décrire un catalogue d’agence de voyages en guise de pires vacances…

« et en même temps, je serais isolé, pas forcément seul mais certainement pas en groupe ou avec plein de monde à proximité »

Il faut que je revienne dans mon monde sinon, ils vont croire que je n’ai plus toute ma tête

« Il y aurait une vue dégagée magnifique, des jeux de société à disposition »

Mais ça vient faire quoi dans l’histoire les jeux de société ?

« mais en même temps, ça manquerait complètement de convivialité, ce serait un peu trop artificiel, trop lisse, trop prévisible »

Pas du tout comme ici aujourd’hui en fait ! Si je continue dans cette voie, ils vont en déduire que ce que je vis avec eux en ce moment ressemble à des vacances parfaites !

« euh ben voilà, je sais pas trop ce que ça pourrait être de pire »

Ouf, je crois que j’ai su m’arrêter à temps !

 Ma voisine de droite prend la parole. Elle s’appelle Amélie et c’est le genre de personnes qui me fait regretter d’être là ! Mais bon, je ne suis pas venu pour elle et Margot semble intriguée par mon récit.

Elle déloge Franck qui était à ma gauche et s’assied à sa place. Elle se penche vers moi.

« Je jurerais que tu essayais de faire croire à tout le monde que ce séjour n’est pas un fiasco total »

Elle a vu clair, mais en même temps, je ne comprends pas qu’elle soit la seule à l’avoir fait.

Elle se rapproche encore un peu plus, attrape ma main et me glisse à l’oreille de la suivre.

 Une fois dans la pièce voisine, elle m’embrasse tout doucement…

Je ferme les yeux, je suis avec elle sur une plage de sable blanc, le soleil a doré nos peaux, le bruit des vagues accompagne nos rires, je sais que la mer regorge de poissons de toutes les couleurs.

Je ne suis plus dans ce gîte sordide de montagne à attendre une hypothétique éclaircie.

Je suis avec Margot et c’est les vacances, les vraies, qui commencent dans ma tête !

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Ma’, 28 juin 2013

Encore deux jours

Nous arrivons à Juillet dans une atmosphère de pluie et vent, tout le monde s’accorde à dire que nous AURONS. puis que nous AVONS, un été pourri, alors que nous sommes seulement aux portes.  Les vacances officielles commencent  lundi 1er juillet, avec, ici, et dans la même semaine, la journée libre du jeudi 4,  Independence Day. Il y en a même qui feront le pont, luxe suprême chez nous icitte !

Le point en cette fin de mois de Juin :  je lance le  thème d’écriture de Juillet dimanche ;  Adrienne va terminer son Ecrire-Ensemble aujourd’hui ou demain  ; dans les mêmes temps, c’est au tour de Jaleph de lancer le prochain  ‘E-E de Juillet, puisque le cycle des 6 auteurs est terminé et que nous revenons à notre point de départ.

 

Ecrire en Juillet

Oui, il m’arrive d’être en avance : ce matin 22 juin, je pense à Juillet.

Pourquoi ?

Parce que je suis en train de RANGER les textes écrits ensemble depuis avril, et je me réjoui du bon travail, de la progression. Car j’aime la progression, j’aime me pencher sur ce qui a été fait, regarder le travail actuel et vérifier que nous avançons. Ma prof de philo me l’affirmait il y a belle lurette : qui n’avance pas recule.

Et qui recule risque de se retrouver sur le cul ; ça, c’est moi, la méchante, qui l’ajoute.

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Ce long préambule pour expliquer Ecriture de juillet, et dans le même élan, d’août aussi, et septembre.

Je m’adresse particulièrement aux 6 auteurs qui n’ont pas craint depuis le début de se plier aux contingence de l’écriture a plusieurs. Certes, il se trouvera toujours des ——-  pour nous dire que nous enfonçons des portes ouvertes, et que nous ne sommes pas les premiers, ni les seuls, à écrire à plusieurs mains. C’est vrai, mais nous sommes aussi plusieurs milliards d’êtres humains à respirer, est-ce une raison pour se priver d’oxygène ?

Donc, voilà ma petite idée pour les jeux des vacances – ou, plutôt :  pour un jeu qui s’étalerait sur les deux ou  trois prochains mois : on laisse toutefois le jeu du mois individuel soit en sujet libre, soit imposé ;  et on se lance dans quelque chose de grand tous ensemble style Ecrire-ensemble, mais démultiplié.

Qui est d’accord ?

Réponses ici, en commentaire, ou à mon mail, (lise.genz@yahoo.com) pour les timides et les ceusses qui embarquent demain pour un tour du monde en 90 jours.

Connaissez-vous cette plante ?

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elles poussent sauvages dans ma pelouse, nous faisons des zig-zag pour les éviter avec la tondeuse car j’aimerais bien voir les fleurs. Si quelqu’un connait le nom et ce que c’est, merci  merci merci de me le faire savoir  ? 🙂

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Besoin de vous, les co-auteurs ( et les lecteurs aussi)

Je viens de passer le blog en no-pub, en payant un forfait qui ne me mettra pas sur la paille, mais je vous demande de me signaler si vous continuez de voir des  placards de publicité sur l’Ecritoire, soit en pleine page, soit sur les cotés, ou en fond de page.

MERCI, MERCI, MERCI !!!

On se réveille, les petits loups ?

c’est pas une raison parce que je n’étais pas là pendant une semaine pour vous terrer dans votre coin et ne rien dire, hein, hein hein ??  REGARDEZ un peu ce que j’ai fait pour vous

http://store.blurb.com/ebooks/399258-les-ecrits-de-l-ecritoire

bisous, bisous

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Mer… dum !!! ça ne marche pas comme je veux !  ils bloquent à la page 11. Nous avons  une trentaine de pages, avec les illustrations et tout. 

JAL- EPH, HELP !!!!

Jeu de Juin 4 / Les vacances de Jasmina, par Lise

ecritoire vacances jasmina

“Les vacances, ah … “

Nous sommes sous la véranda, à l’abri du vent et du soleil.  Jasmina est assise dans un rocking-chair, et se balance. Elle est vêtue de clair, je ne l’ai jamais vue en sombre, même après la mort de ses parents, même après le départ de son mari, même après l‘abandon de ses enfants. Même après la fête de ses nonante ans.

Elle a toujours porté l’uniforme bleu clair des employés du domaine, et quoique elle ait cessé de travailler depuis des décennies,  elle a gardé le costume, la jupe longue à mi-mollet d’un bleu céleste, le corsage blanc, la longue blouse de travail recouvrant le tout, arrivant à mi jupe, “powder blue” , d‘un bleu très clair avec ses initiales brodées en bleu marine.

J’aime venir chez elle au petit matin, par les jours calmes, lorsque nous pouvons entendre, venant de notre gauche, le ressac des vagues sur la plage. J’apporte les petits croissants, j’aime boire avec elle le café dans les tasses jolies qui lui furent offertes il y a vingt ans, le jour où elle est partie à la retraite ; j’aime me prélasser dans la balancelle accrochée aux poutres de la véranda ; et par-dessus tout, j’aime l’écouter.

Un mot suffit pour lancer une histoire, une petite phrase la transporte sans effort vers un temps qui me semble à moi remonter au déluge. Ce matin, j’ai dit sans y penser :  “ Je serai en vacances dans trois jours…” et la réponse a jailli, exclamatoire, en trois petits mots : “ Les vacances, ah ! « 

Elle se recueille une fraction de seconde, puis, elle commence par un petit rire, une façon légère et gracieuse de secouer un peu la tête, comme pour se moquer de ce qu’elle va dire, une manière de me mettre en garde, de m’annoncer que son histoire n’a pas tellement d’importance, que tout cela est fini, c’est  passé,   » n’est-ce-pas, c’était ainsi de mon temps, tu ne dois pas être triste, promets-moi, jure-moi que tu n’en feras pas une montagne,   je te connais « , me disent ses grands yeux malicieux,  » tu vois du malheur partout, mais ce n’était pas ainsi, nous étions heureux, tu sais, à notre manière, qui n’a rien à voir avec ce que vous vivez aujourd’hui, et vos vacances que vous confondez avec voyages, ah la la … “

Me disent ses yeux, sans paroles, et je m’incline, il n’y a plus que cela à faire, s’incliner, se mettre en position d’écoute, vas-y, Jasmina,  raconte-moi, tu en meurs d’envie ; les mots sont au bord de tes lèvres, tu sais que nous rirons dans une heure ou deux, tu sais aussi que tes mots me suivront toute la journée et plus encore, tu sais que nous allons une fois de plus cimenter entre nous quelque chose que nous nommons amitié faute d’avoir trouvé un autre nom. Tu sais que nous tissons ensemble la toile de la vie, tes mots en fil, mon écoute en contre-fil.

“ Les vacances, j’en ai si souvent rêvé, dit-elle…”

“ Nous avions des jours de liberté, tu sais, un par semaine, le dimanche.  Nous avions aussi les jours pour les fêtes, pour les mariages, pour les naissances. Ta grand-mère n’était pas méchante, ton grand-père était un homme juste : ils ne nous voulaient pas de mal. Mais si nous avions parlé de vacances, ils n’auraient pas compris, ils n’en parlaient jamais. Ils n’en prenaient pas eux-mêmes. Nous ne savions pas ce que c’était. “

“ Tout a commencé l’année où ta mère est revenue de Paris avec sa cousine Clara.  Elles organisaient des fêtes, des tournois de tennis, des randonnées en voiture, en vélo, en scooter, et des parties de bateaux. La maison était toute en l’air, nous étions envahis par une colonie d’oiseaux migrateurs, garçons et filles dont le seul point commun était les vacances.  Un état spécial dont je ne savais rien, sauf qu’il apportait un surcroît de travail à ceux qui n’avaient pas la chance d’en avoir. »

 » Je me souviens que j’ai commencé alors d’en rêver, d’abord lorsque j’étais seule, le soir ; et puis peu à peu dans la journée, en repassant, en cueillant les fruits, en épluchant les légumes. Ça commençait toujours par les mots magiques : “ Si j’étais en vacances … “ et le reste suivait docilement, les couleurs, les formes, une maison rose à flanc de colline, un jardin  et des rosiers, un chemin qui descendait à la plage. Une véranda, et un rocking-chair, le bruit des vagues, le ciel tendu en soie bleu au dessus des pins, les mouettes jacassantes. Et dans tout cela, qui me semblait le paradis, ne rien avoir à faire d’autre que laisser le regard se poser sur les choses, et admirer. “

Elle s’arrête et me regarde, toujours malicieuse :

– Et tu vois, je les ai, maintenant, mes vacances ; et  depuis si longtemps que je n‘en rêve plus jamais. J’y suis au milieu, j’en suis entourée, exactement comme je les imaginais, mes vacances, dans une maison rose, avec les mouettes, et les pins, et la mer.

 » Verse-moi donc une autre tasse de café . “

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PS : cette histoire se passe aux USA : les entreprises américaines n’ont aucune obligation légale en matière de congés payes. Cependant, 90 % d’entreprises offrent quelques vacances a leurs employés, la plupart sur ce schéma :  5 jours ouvrables par an, pendant les 4 premières années de l’employé. Puis 10 jours ouvrables par an ; et, au bout de 10 ans, l’employé a droit à 15 jours ouvrables.

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Lise Genz, 14 juin 2013

Jeu de Juin 3 – Guide touristique pour visiter ma vie, par Mme de K

ecriture juin mme de k

Guide touristique pour visiter ma vie

(j’aurais pu aussi choisir le titre : portrait chinois en forme de guide touristique)

Y aller

Pour venir chez moi, c’est simple ! Tu vas à l’ouest tout au bout du bout (Finistère = Penn ar bed = le bout de la terre en Breton) et quand tu peux plus avancer, c’est là !

La monnaie

Mon mari dit que j’ai des oursins dans la poche… C’est faux ! (enfin c’est exagéré) Je suis du signe astrologique chinois du rat, mais chez les chinois, rat ne veut pas dire avare, mais intelligent, ingénieux et sociable (ah ! tu vois !)

Mais il est vrai que j’ai gardé de mon enfance (quatre enfants, un seul salaire) et de mon adolescence (étudiante) une tendance à renâcler à la dépense.

Le climat

Dans ma vie, il fait toujours beau, et quand il pleut, je mets des lunettes roses. Tu peux venir sans pull et sans imper !

Que manger

Mange-moi de baisers, mange dans ma main ; à boire et à manger, tout est bon !

Où dormir

Si tu es un beau garçon, tendre, drôle et généreux, tu dors dans mon lit (et c’est gratuit).

Si tu es tendre, drôle et généreuse, j’ai une chambre d’amis.

Si tu es désagréable, de mauvaise humeur, intolérant et borné, va donc voir là-bas si j’y suis.

À ne pas manquer

Ce qu’il y a de plus beau dans ma vie : l’amour, mes filles, mes flans au caramel, le vert des yeux de mon chat, le portrait de ma grand-mère, le CD de la cantate de Bach « Weinen, klagen, sorgen, sagen », mon minuscule jardin à l’abri du vent. Rien de tout cela n’est classé au patrimoine mondial de l’Unesco, mais tout cela te plaira, viens !

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Mme de K. juin 2013