Aller au contenu principal

Articles de la catégorie ‘Le Cahier de Jacou’

Défi de juin 2015- Fil rouge- X en texte

Prétextant écrire un pré texte

X partit dans un pré à textes.

Revint textuellement écrivain

D’un prétexte tellement vain

Que texte et pré s’emmêlaient.

Texture champêtre et écrits s’adulaient.

Dans ce pré X y était  à jamais empêtré.

Prétexte, texte, pré, pêle-mêle jetés

Imprévus, écrits n’ayant jamais existé.

Défi de mai 2015- Dicton farceur

Si, si, cela est vrai

En mai, fais ce qu’il te plaît.

Que cela est plaisant.

Faire ce qu’il me plaît.

Ce n’est pas vrai! Qu’est-ce que tu fais?

Ce qui me plaît. Cela te déplait?

Tu as piétiné ma liberté.

N’exagères pas! Ce ne sont que des pieds!

Justement! Comment vais-je me déplacer, mes orteils sont écrasés.

Il te reste les mains.

Les mains? Que veux-tu dire?

Marche sur les mains.

Mais je n’en ai pas envie.

Essaie. Aïe! Que fais-tu?

Tu m’as dit de marcher sur des mains.

Sur tes mains à toi, pas sur les miennes!

Comment? Je n’ai plus de pieds.

Justement, marche sur tes mains. Décide-toi vite, bientôt, nous serons en juin.

Et alors?

En juin, jeux de mains, jeux de vilains.

C’est malin!

Défi de mars 2015 – A rebours décomptés

ECRITOIRE3007665

A rebours décomptés

Nous étions neuf filles, toutes bonnes à marier.
La première nous quitta, au bras d’un bel étranger,
S’en est allée dans son pays,  y est restée.
Nous étions huit filles, toutes aussi jolies que la première.
La deuxième s’envola, dans un aéroplane, guidée par son passager
Aujourd’hui, de l’aviation est une retraitée.
Nous étions sept filles, très envie de s’amuser.
La troisième partit danser, sous les sunlights renommés
Et les publics du monde entier, en ont été enchantés.
Nous étions six filles, à l’école aimions aller travailler.
La quatrième, à l’université, très vite est entrée
Depuis,  bardée de diplômes, ne l’a jamais quittée.
Nous étions cinq filles, très polies et bien élevées.
La cinquième ne rêvait que fastes et célébrités,
Dans un journal télévisé, tous les soirs, le beau temps nous promet.
Nous étions quatre filles, avides de curiosités.
La sixième, des pyramides et autres ruines s’est entichée
Et aux quatre coins de la planète, toujours en train de les explorer.
Nous étions trois filles, la tête pleine d’idées, liberté et générosité.
La septième, aux côtés de missions humanités, engagée,
Avec des peuples déshérités, lutte désormais.
Nous étions deux filles, toutes les autres aimions écouter
La huitième, pour les retrouver, a tout fait, tout tenter
Aujourd’hui, heureuses, d’être à nouveau rassemblées.
Nous étions neuf filles, toujours ensemble photographiées.
La neuvième, très anxieuse de nous laisser à jamais
De nous toutes, ce portrait avait tiré.

Et de tout cela, témoignage est relaté,
Parce qu’une des filles, tout son temps, à écrire passait.
Elle était la dixième, derrière son pupitre se cachait.

Défi de février- Poésie express

Il y a deux ans, jour pour jour,  m’est venue, l’idée de ces poèmes, dans mon bain…

POESIE EXPRESS.

Pot aux fleurs

A une fleur
Deux un pot.

Mélangez avec douceur.
Et voilà le cadeau.

fRISE 1

Passiflocrilège

Le vert était dans le fruit,
Fruit de la passion.
Versa-t-il quelques larmes
Pour sa fleur ?
Clématite crucifiée.

FRISE4692723Passiflore_rouge_web

Pomme d’Api ?

Tombe dans les paumes
Un fruit mal défini,
Tout écrabouillé,
Que j’en tourne de l’œil.

FRISEfruitsPommes

Compte à dormir debout :

Un mouton,
Deux méchouis,
Trois musulmans,
Quatre minarets,
Cinq doigts de la main,
Six muezzins,
Sept mosquées,
Huit moucharabiehs,
Neuf mois.
A ton tour de conter.
Mais te serais-tu endormi ?

FRISEchambre-palais-oriental

Le 27 février 2013

Jacou

m-Mousse_et_bougie

Défi de février- La guerre des jupes n’aura pas lieu

 

Texte écrit à la suite d’un atelier d’écriture, animé par Anny Carrère, Talents, ayant pour thème L’objet

 

La guerre des jupes n’aura pas lieu

jupe-jean-bailly-plissee

 

Mon arrière grand-mère m’a souvent raconté que dans son lycée public, les filles n’avaient pas le droit de porter des pantalons. Seule l’une d’entre elles, atteinte par la polio, avait obtenu l’ autorisation écrite, d’en porter un .
Cela se passait au vingtième siècle, dans les années 60 !
Dans une boutique,  à la recherche d’un pantalon, je fouille du regard, je tâte de la main, j’inspecte les détails
De toutes les couleurs, formes, tailles, tissus, ils sont là, alignés, habillant un mannequin, disposés sur divers présentoirs…bof, rien ne m’attire.
A force de fouiner, je suis enfin séduite. C’est celui-là qu’il me faut.
Ravie de ma découverte, je me précipite dans une cabine d’essayage.
Mais ce pantalon n’a qu’une jambe. « Ouf ! » pensais-je, libérée et soulagée, quittant la cabine.
C’est alors que j’entends : « S’il vous plaît, ne m’abandonnez pas, regardez-moi bien, je ne suis pas un pantalon. Je suis LA JUPE. »
– La jupe ? C’est quoi ? Jamais entendu parler !
– Emportez-moi, et vous saurez.
La caissière me dit : « Vous aussi, vous avez craqué »
– Oui, mais c’est quoi La jupe ?
– Allez à la bibliothèque, et là on saura vous renseigner.

– Bonjour, heu, je cherche des renseignements sur çà, dis-je à la bibliothécaire, tout en sortant discrètement l’objet de la poche.
– Je suis désolée, mais la spécialiste est en congé, aujourd’hui. Revenez demain.

Rentrée chez moi, j’observe l’objet sur toutes ses coutures. Beau tissu, couleur délicate, finitions soignées, mais une seule jambe. Serait-ce une erreur de fabrication ? J’y suis : c’est pour les unijambistes !C e serait bien normal de prévoir ce genre de vêtement pour les handicapés. On fait si peu pour eux. Ils ne sont même ^pas représentés dans les défilés de mode. Oui, mais, pourquoi nommer cela la jupe. La jupe ou ajupe ? Pourquoi ne pas l’appeler unipant, ou pantuni ? Et si je l’essayais ?
Je passe les jambes l’une après l’autre dans l’unique ouverture. Cela me donne une allure curieuse, me rappelle vaguement quelque chose…je fais quelques pas. Le frottement de la peau nue de mes jambes l’une contre l’autre est inhabituel.

Le lendemain, je décide de mettre la jupe ou l’ajupe.
Je surprends quelques regards moqueurs, des gens  évitent de me regarder, certains s’écartent, ou se retournent sur moi.
Mais nous arrivons sans problème à la bibliothèque.
Une personne accueillante se dirige vers moi : « Suivez-moi, je vous attendais. »
Je la suis, sous les regards curieux et interrogateurs de quelques lecteurs.
Nous quittons la salle de lecture, pour pénétrer dans une salle où règne une légère odeur de moisi, mêlée à des parfums d’encre et de vieux papiers.
La bibliothécaire ouvre un placard, occupé par un seul livre volumineux.
– Nous sommes arrivées. Je vous laisse. Très jolie, votre jupe.
J’ai bien entendu ; elle a dit « jupe ». Cet objet est une jupe, la jupe, Ma jupe.
J’ai bien du mal à ouvrir le livre.
Il a été malmené, des pages entières arrachées, d’autres gribouillées ou en lambeaux.
Malgré son état désastreux, je découvre des jupes ; il n’y a que çà, partout.
Des jupes cloches, crayons, portefeuilles, enroulées, droites, plissées, mini, étroites, à godets, soleils, parapluies, à volants, tailles basses, à empiècements, boutonnées devant, dans le dos …et toutes portées par des femmes.
Je suis une de ces femmes ; là près d’un arbre, ici assise sur un banc, sur la plage, devant une statue…c’est moi, c’est elle, ma voisine, les femmes de la rue, la caissière.
Je ressors, étourdie d’une telle découverte.
– Alors, qu’en pensez-vous ? demande la bibliothécaire, d’un ton malicieux.
– C’est…, c’est incroyable ? Tout cela a-t-il vraiment existé ?
– Vous n’êtes pas sans avoir remarqué l’état du livre. Nous avons dû le retirer de la consultation publique.
– Mais qui a fait cela ?
– Oh, peu importe. Le jour du saccage, nous avons découvert ceci.

D’un tiroir, elle sortit ceci :

LOI du 26 BRUMAIRE AN IX de la REPUBLIQUE
dispose que toute femme désirant s’habiller en homme
doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir
l’autorisation, et celle-ci ne peut être donnée qu’au vu
d’un certificat d’un officier de santé.

– Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
– Que des générations de femmes ont été, et sont obligées de s’habiller en homme, en toute illégalité.
– Comment expliquez-vous cela ?
– Lorsque j’ai fait part de ma découverte à ma cousine, celle-ci m’a raconté ce qu’elle savait de son arrière grand-mère. Cette personne, ainsi que de nombreuses autres jeunes filles étaient insultées, harcelées parce qu’elles portaient des jupes. Elles se mirent donc à porter des tenues d’hommes. Quelques unes tentèrent de résister, arguant de leur droit à la liberté d’exister, en tant que femmes.
– Mais pourquoi tant d’intolérance ?
– Oh, simplement, par ignorances et stupidités. Donc, de plus en plus de femmes portant le pantalon, les grands couturiers s’adaptèrent et créèrent cette mode de la rue. La jupe fut oubliée.
– Quel dommage ! N’est-ce pas que c’est joli ?
– Vous avez raison. Avec un groupe d’amies, nous nous fabriquons des jupes. Venez nous retrouver.
Et c’est ainsi, qu’un jour nous avons créé un atelier de mode, présenté nos modèles, qui eurent un succès mondial.
Et devinez comment s’appelle notre atelier ?

PANTALONNADE and CO

Quand aux femmes « hors la loi », rassurez-vous : deux circulaires de 1892 et 1909 autorisent le port féminin du pantalon, à vélo, puis à cheval.

 

25 novembre 2007

Jacou

Question écrite n° 00692 de M. Alain Houpert (Côte-d’Or – UMP)

publiée dans le JO Sénat du 12/07/2012 – page 1534

M. Alain Houpert attire l’attention de Mme la ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement, sur les dispositions, toujours en vigueur, de la loi du 17 novembre 1800 interdisant aux femmes de porter le pantalon. En effet, cette loi – la loi du 26 brumaire an IX – précise que « Toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Cette interdiction a été partiellement levée par deux circulaires de 1892 et 1909 autorisant le port féminin du pantalon « si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». Si elles ne sont plus appliquées aujourd’hui, leur portée symbolique peut heurter nos sensibilités modernes, c’est pourquoi il lui demande si elle envisage de les abroger.

Réponse du Ministère des droits des femmes

publiée dans le JO Sénat du 31/01/2013 – page 339

La loi du 7 novembre 1800 évoquée dans la question est l’ordonnance du préfet de police Dubois n° 22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), intitulée « Ordonnance concernant le travestissement des femmes ». Pour mémoire, cette ordonnance visait avant tout à limiter l’accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l’image des hommes. Cette ordonnance est incompatible avec les principes d’égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements européens de la France, notamment le Préambule de la Constitution de 1946, l’article 1er de la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme. De cette incompatibilité découle l’abrogation implicite de l’ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu’une pièce d’archives conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris.

 

Défi du mois de février- Rien ne sert de courir…

Un texte, de mes archives; écrit pour un atelier d’écriture en ligne COPIE DOUBLE.

Sujet: La lenteur est-elle une qualité ou un défaut ? Progresser lentement ne serait-il pas un art de vivre ?

Avec un petit clin d’oeil à un certain Carnet… 😉

Rien ne sert de courir…

Lundi matin.
Je me lève sans grand enthousiasme. Aller au journal, pourquoi faire ? Ecrire encore une chronique sur les chiens écrasés. Pauvres bêtes. Mais qu’on leur fiche la paix, un peu. Qu’on leur laisse vivre leur vie !
Je prends les transports en commun, au milieu de ces gens qui somnolent, maussades et fatigués d’avoir quitté leur lit trop tôt, horloge biologique dérangée et détraquée par tous ces réveils obligés.
Au journal, le patron m’attend : « Darigaud, j’ai quelque chose de nouveau pour vous. »
(Bonjour mademoiselle Darigaud. Avez-vous passé un bon week-end ? pensais-je.)
« Bonjour patron ; Ah ! Bon, je fais la chronique des m …matous écrasés. »
« Pas du tout. Ma chère, vous allez interviewer un paresseux. »
« Un paresseux ! Et qui ça intéresse ?»
« Vous avez rendez-vous avec le directeur du Zoo. »
« De mieux en mieux. Le directeur du Zoo serait paresseux. J’aurais jamais pensé qu’on pouvait se la couler douce, dans un endroit pareil. »
« Non, je vous parle d’un animal. »
« Le premier avril, c’était hier, patron. »
« Je ne plaisante pas, Darigaud. C’est bien un animal que vous allez interviewer. »
Je pars au Zoo, pourquoi, au juste ? Enfin c’est toujours mieux que les toutous écrabouillés.
A l’entrée, je montre ma carte de presse. « Bonjour, mademoiselle Darigaud. Suivez-moi. On vous attend. »
Le gardien ouvre la porte d’un bureau : « Monsieur Cossard, mademoiselle Darigaud est arrivée. »
Un homme me tend aimablement la main : « Bienvenue, mademoiselle. Très heureux que votre journal fasse un article sur la mascotte de notre Zoo. »
Il m’entraîne au milieu de paysages peuplés d’animaux sauvages, aussi divers que variés. Certains, occupés à se nourrir, d’autres allongés, profitant du soleil. D’autres, encore, entourent avec confiance les soigneurs ou s’approchent, curieux, à notre passage.
Des feulements, sifflements, caquètements, chants modulés, grognements accompagnent notre marche.
« Nous sommes arrivés. »
D’abord, je ne vois rien. Qu’un enchevêtrement de branches et de lianes. Puis j’aperçois le plus adorable des animaux qu’il m’ait jamais été donné de voir. Tête ronde, yeux arrondis, bouche fendue sur un large sourire. J’ai très envie de le câliner.
Tout de suite, la communication s’installe entre nous : « Bienvenue Darigaud. Vous me plaisez. Je veux bien répondre à vos questions. » Ces paroles dites d’une voix feutrée ; on dirait une berceuse.
« Bonjour monsieur Paresseux. Je ne sais pas quoi dire. C’est trop merveilleux. » Je suis sous le charme. Quelle rencontre !
« Faites comme moi. Prenez votre temps. »
Fascinée, je contemple Paresseux étaler ses immenses bras, un à un, rejoints par ses membres postérieurs, lentement, tellement lentement que l’on croirait des mouvements filmés au ralenti. Mais non, c’est bien réel. Et c’est cela qui est prodigieux!
Je pense à ma grand-mère, se moquant de moi : « Petite vitesse et grande lenteur », m’appelait-elle. Ai-je devant moi mon égal en « petite vitesse et grande lenteur » ?
Il semble que oui. Et même, il me dépasse , si j’ose m’exprimer ainsi.
Il me sourit : « Qui va piano va sano. »
« Vous n’allez jamais plus vite ? »
« Plus mes mouvements sont lents, plus je passe inaperçu. Pas de bruit, pas d’air déplacé. Je parcours en moyenne un kilomètre en quatre heures.»
« Toujours dans les arbres ? »
« Au sol, je rampe si mal. Quand je descends, pour faire mes besoins, je deviens tellement vulnérable. Heureusement, ce n’est qu’une fois par semaine. »
« Vous vivez toujours accroché ainsi, à l’envers ? »
« Oui, je fais tout. Je mange, je dors. Je fais l’amour. J’accouche aussi dans cette position. »
Un bruit. Paresseux tourne sa tête, puis la ramène vers moi. Toujours ces mêmes gestes d’une lenteur calculée, paisiblement.
Je me prends à envier cette vie nonchalante ; loin de la ville, de ses bruits, des horaires, des rendez-vous, des courses contre la montre…
Il a fermé les yeux, un instant : « Mademoiselle, je vais prendre congé de vous. C’est l’heure de ma sieste. Sachez que je me repose dix à quinze heures par jour. Cela fait un de ces biens ! Vous devriez essayer. N’oubliez pas ! Qui va piano, va sano. »
Je quitte à regret cette charmante pers…ce charmant paresseux. Quel délicieux moment, j’ai passé !
De retour au journal, je rédige mon texte.
« Alors Darigaud, il est pas encore prêt, cet article ? »
Toujours pressé, celui-là. Un de ces jours, il va faire une attaque.
Peut-être que s’il passait un instant avec le paresseux, il changerait…

VIVE les PARESSEUX
ou ELOGE de la LENTEUR

« C’est tout ! Ça fait un quart d’heure que vous êtes revenue et vous n’avez écrit que ça. D’ailleurs qu’est-ce que vous avez foutu là-bas ? Vous savez combien de temps vous êtes partie. Six heures !!!J’ai pas qu’ça à faire moi. »
Tournant le plus lentement possible le siège sur lequel je suis assise, je prends mon temps, plantant mes yeux dans ceux du patron. Affichant le plus serein des sourires, je lui déclare calmement, articulant chaque syllabe : « Qui va piano, va sano. »
Furieux, il s’en va.
Je lui lance :« Je retourne interviewer mon nouvel ami du Zoo. Comme c’était l’heure de sa sieste, il ne m’a pas tout dit. A tout à l’heure…plutôt à demain. »
Bruits de verre cassé. Il a claqué la porte de son bureau.
Le lendemain, je n’ai pas mis mon réveil à sonner. Je me prépare à mon rythme, celui des vacances. Dans le bus, je regarde les maisons défiler. Tout est nouveau pour moi. Cette petite place, une fresque créée par des enfants, le clocher d’une église, surmonté d’un coq qui a perdu une patte, un chat roux à l’affût, une maman promenant son bébé, une basse-cour…Tout est là, à sa place, paisible, lumineux. Je respire.
En me rendant au journal, je lis les plaques des rues traversées : rue d’Egypte, rue de la cloche volée, rue du puits fermé…Chacune me raconte sa vie, son histoire. Je voyage en Imaginaire.
« Darigaud, vous avez vu l’heure ? Je vais vous foutre à la porte, moi. Et votre article, il est bouclé ?
«Bonjour mademoiselle Darigaud. Avez-vous passé une bonne nuit ? Oui, patron, je vous remercie. Et vous ? Apparemment, non. »
Il bout, tourne les talons.
« Non, je n’ai pas vu l’heure. Je ne porte plus de montre. J’ai terminé mon article au Zoo, hier soir. Paresseux et monsieur Cossard en sont très satisfaits. A tel point, que monsieur Cossard m’a embauchée pour écrire les souvenirs de Paresseux. »
Il revient sur ses pas : « Comment ? Et qui va faire la chronique des chiens écrasés, maintenant ? »
Je suis déjà partie ; vers mon nouveau métier ; plutôt, je dirais mon passe-temps.
Vivre en harmonie avec celui à qui la nature a donné toutes les grâces et toutes les sagesses : le Paresseux.

QUI VA PIANO, VA SANO E VA LONTANO

Le 6 avril 2013

Jacou

Un nouveau mois- Un nouveau défi- Monologue de la gourmandise

Ecrit au cours d’ un atelier d’écriture théâtrale, animé par Catherine Zambon; thème de l’atelier: l’amour.

 

– Ils ont dit : « L’obésité gagne du terrain ». J’t’en foutrais, moi de l’obésité. Quand on n’a rien à manger. Tiens, comme ma voisine qui m’a dit l’autre jour : « J’ai donné à ma fille quatre euros quatre vingt pour qu’elle s’achète un sandwich. Après, j’ai plus d’argent ». On était le 15 janvier.
Un autre carré de chocolat. L’autre, je l’ai mangé trop vite. Celui-là, je vais le laisser fondre. Je l’ai encore mangé trop vite. Hum, j’ai une dent qui me fait mal. Je vais essayer de l’autre côté. Voilà, je laisse fondre. Un autre.
Les carreaux sont froids. Il neige. Que c’est beau, ces flocons qui tombent paisiblement. Un vrai rêve. Oui, c’est beau, mais ceux qui vivent dans la rue, ils s’en fichent de cette beauté. Ils vont dormir dans l’humidité, errer toute la journée en quête d’un endroit sans courant d’air, où ils auront une illusion de chaleur. Mais c’est quand même beau cette neige.

Y’a plus de chocolat ! J’ai tout mangé ! Encore une fois, je l’ai croqué, au lieu d’en déguster son fondant.
Bon ça suffit pour aujourd’hui les douceurs. Je n’ai pas l’intention de devenir obèse.
Régime, il faut faire du régime. L’autre, là-haut, essaie de donner l’exemple et ses ministres qui l’imitent. C’est ridicule et c’est n’importe quoi !
Ils n’ont pas honte, quand on sait qu’il y en a tant qui ne peuvent rien s’acheter à manger.
Ah ; mais oui !, j’ai acheté du nougat, l’autre jour. J’en mange qu’un, et je garde les autres pour demain. Sinon, ça va me manquer. Il ne faut plus que j’en achète. Croc, il était bon, celui-là. Celui-là a une grosse amande, c’est meilleur ; après, je m’arrête…et là, l’amande est plus grosse encore, et je vais me la mastiquer plus lentement. Il en reste plus qu’un. Tant pis, je le mange.

A partir de demain, je me mets au jambon cuit –soupe de légumes.

.
Pessac, le 27 janvier 2012
Jacou

Un nouveau mois, un nouveau défi – Un moustique ça pique

Ce qui suit est un texte libren zzzzzzzzzzzz ique

Un moustique, ça pique

Un moustique me pique.
Je lui adresse une supplique
Il me réplique :
« Je ne suis point une tique
Ne sois pas exotiquemoustiques-48804696
Va au rayon pharmaceutique
Acheter ce qui s’applique
Sur les piqures de moustiques. »
Le pharmacien en blanche tunique
Me fait l’historique
Et le scientifique
De cette catastrophe publique.
Moi colérique
A cause de cette rhétorique
Clos ce discours soporifique
« Vous le pharmaceutique
Etes une bourrique. »
Attrape mes claques et mes cliques
Et d’un pas énergique quitte la boutique
Rencontre Monique
« Bonjour Janique »
Je panique
Fuir cette âme philosophiquemoustiques-48804696
Et ces brillantes polémiques.
« Heu, salut Monique
J’ai la colique. »
« C’est pas fatidique
On se téléphonique. »
« C’est ça Monique
A la Martinique »
(Je sais c’est pas pratique,
Mais ça fait une rime en ique).
Me voici dans une pharmacie antique
Aussitôt rapplique
Une employée chimique
Plus de crème anti moustique
Appels téléphoniques
Toutes les boutiques
Sont en rupture de stock tic
Je suis condamnée, c’est pratique !
A subir ces démangeaisons épidermiques
C’est automatique
Le 28 octobre 2012
Jacou

Défi de l’an 15-Troublante rencontre

Troublante rencontre
Je me promenais dans mon jardin. Voilà, que de partout, arrivaient les oiseaux. Ils sifflaient joyeusement, harmonieusement. Charmée, je les écoutais ; mêlée à ce concert, une voix, une voix qui disait :
Ecrivez, écrivains, scribes en herbe, ou de métier
Contez, racontez, dites-nous,
Récits fabuleux, romans idéalistes, historiques,
Inventez images chimériques, véritables
Trouvez les mots, les phrases, partagez vos valeurs,
Osez dire ce que vous pensez, aimez,
Invitez au partage de vos savoirs, de vos goûts,
Réfléchissez avec nous, rimez en vers ou en prose,
Etonnez-nous, émerveillez-nous, aimez-nous.
Je me dirigeais vers le lieu, d’où semblait venir la voix.

Nonchalamment installé sur la balancelle, un luth à ses pieds, se tenait un homme, vêtu de façon inhabituelle.
– Bonjour monsieur. Qu’écrivez-vous ?troubadour-02
– Une ode à mon écritoire, gente dame.
– Vous participez à un festival d’écriture ?
– Je suis Troubadour, pour vous servir, noble dame.
– Un troubadour, ce qui explique votre déguisement.
– Déguisé, ne suis point ; je parcours villes et campagnes, ainsi accoutré. Les oiseaux me tiennent compagnie, pour des aubades musicales, dans les cours seigneuriales, autant que sur les places des marchés. Telle est ma vie. Votre jardin m’inspirait, pour parfaire cet acrostiche dédié à l’écritoire que voici.
Il me montra une sorte de pupitre, deux bandoulières lui permettant de le transporter en tous lieux, en tous temps.
– Je dois vous laisser. Adishatz, belle dame. Peut-être nous reverrons-nous.
– Je l’espère, aussi. Passez quand vous voulez. Vous serez toujours le bienvenu.

Ecritoire en bandoulière, les doigts effleurant son luth, il quitta mon jardin, suivi d’une nuée multicolore d’oiseaux.

Défi de l’an 15 / 9 – J’ose écrire, par Jacou

Défi de l’an 15-

J’ose écrire, ce lendemain du 7 janvier 2015.
Ecrire est une arme pacifique.
Je ne peux imaginer une rencontre avec les êtres assassinés
Hors les réseaux sociaux.
Ces réseaux sociaux, dont on ne peut guère se passer, aujourd’hui.
Ces mêmes réseaux sociaux, qui, hélas, véhiculent tout.
Véhiculent ces idées sordides, frappent vite, aveuglément,
Séduisent des êtres,
Que je ne me sens pas le droit de juger.
A travers ces moyens rapides de communiquer,
Faisant le tour de la planète, en un clin d’œil,
Exprimons-nous tous ensemble,
Unissons-nous.
C’est mon défi de l’an 15.