Les gaufres, dans cette famille, ont une histoire qui mérite d’être contée.
Un certain jour de juin, une maman déjà largement enceinte, avec un bébé prévu pour le mois de septembre, part allègrement chercher ses cinq enfants à l’école, en poussant le dernier dans sa poussette. Il fait beau, le soleil brille, la maman se surprend même à chanter.
Elle arrive devant l’école, le vent se lève. Elle regarde vers le ciel, et voit arriver à grande vitesse, des nuages noirs. « Aie, l’orage… ce n’était pas prévu ». De fait, habituellement, dans ce genre de situation, la maman prévoit les cirés dans le panier de la poussette, mais cette fois, le panier est vide. Or il est 16 heures, l’heure où les enfants sortent fatigués de l’école, sont affamés, et ont un niveau de patience minimum.
Le temps de se faire ce genre de réflexions, le ciel est bien noir. la maman récupère les plus jeunes à la maternelle, et attend les deux aînés scolarisés en primaire. Enfin, ils sortent, mais elle comprend bien qu’elle n’a aucune chance de rentrer en évitant la pluie. Ne pouvant courir, elle sera mouillée, et ses enfants avec elle. Ils vont être grognons, et elle sera impatiente. Vite, son cerveau s’emballe, et cherche comment faire passer ce moment pénible à ses enfants.
« Eureka ! » Elle a trouvé. Elle attend que tout le monde ait pris place autour de la poussette (celui qui suce le pouce droit à droite, pour qu’il puisse tenir la poussette de la main gauche, celle qui suce le pouce gauche à gauche pour qu’elle puisse tenir la poussette de la main droite, et l’aînée marchant à côté, et le deuxième tenant la main de sa maman), et elle fait une déclaration digne d’un discours à l’ONU (Il y a un point commun entre l’ONU et cette famille : la paix à faire respecter).
« Les enfants, savez-vous que lorsqu’on rentre mouillé à la maison, on peut manger des gaufres ? » Les enfants regardent leur mère d’un air interloqué : « non, on ne savait pas ». « Et bien, je vous l’apprends, lorsqu’on est surpris par la pluie et qu’on n’a pas de quoi se protéger, on mange des gaufres ».
Elle a à peine terminé sa phrase, que des grosses gouttes commencent à tomber du ciel. Elles sont encore éparses : « Regarde, maman, il pleut, on va pouvoir manger des gaufres ». Elle sourit en coin. Les gouttes se font plus serrées. « Maman, cette fois, c’est sûr, il pleut ».
– En effet, il pleut, mais vous n’êtes pas encore suffisamment mouillés.
– Et maintenant ? (L’orage s’approche, la pluie devient dense)
– Pas encore, vous avez à peine quelques taches de pluie sur vos chemises. Il faut vraiment être mouillé.
Toute la famille attend la pluie avec une joie non dissimulée.
– Et maintenant ?
– Une partie de vos vêtements est encore sèche.
– Et là ?
– Je pense que l’on pourra faire des gaufres en rentrant.
Enfin, les voilà devant la maison. Ils ne sont pas seulement mouillés, ils sont dégoulinants. Avant de rentrer dans l’immeuble, tout le monde se déchausse, et vide ses chaussures de toute l’eau qu’elles contenaient. Les enfants se postent sur le paillasson où ils attendent leur mère. Elle court chercher des serviettes de toilette et une grande bassine. Ils se débarrassent de leurs vêtements trempés, et se sèchent et se rhabillent en riant de bonheur !
Et ce soir-là, ils ont mangé des gaufres.
Et c’est depuis lors, que dans cette famille on mange des gaufres lorsqu’on se fait surprendre par la pluie. C’est de cette façon que naissent les coutumes familiales !