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Titre d’avril / une image à défaut de mots..

La ruelle du jardin

La ruelle du jardin

Titre d’avril / Avant-hier, hier et aujourd’hui , par Jerome

Remaniement des deux derniers poèmes  par Jérôme :

Dentelle de vieille ville
Frêle entrelacs de ruelles
Où nous nous taisions, émus,

Résille tissée de venelles,
Abri des amours fragiles
Et du bonheur entrevu.

Puis le printemps volubile
Et nos mémoires infidèles
(Qu’est notre amour devenu ?)

Nous ont fait perdre le fil
Du dédale de dentelle :
Avril ne reviendra plus.

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Jérôme avril 30 2014

Titre d’avril / Le dernier jour, par Jérôme

 

Qui emprunte encore

Les fines venelles d’avril

Où l’on s’aimait,

Lorsque que la foule défile

Sur les avenues que dore

Le soleil de mai ?

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Jérôme, 30 avril 2014

Titre d’avril / L’avant-dernier jour , par J.D.

Dentelle de vieille ville

Résille tissée de venelles,

Abri des amours fragiles

Frêle entrelacs de ruelles

Où nous nous croisions, émus.

Vint le printemps volubile

Et nos mémoires infidèles

Nous ont fait perdre le fil

Du dédale de dentelle :

Avril ne reviendra plus.

____________

Jérôme, 29 avril 2014

Titre d’Avril / Photos jaunies, par Jacou

 

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– Non, la venelle de chez le Pierrot, elle passait entre la maison de Germaine et le garage de l’institutrice.
– Mais non, le garage de l’institutrice, il était pas là du tout, il était à côté des abattoirs. De l’autre côté de chez le Pierrot, c’était chez Jeanne, la couturière ; tu te souviens pas, qu’on lui avait cassé son beau géranium, en jouant au ballon, et que le fils du Pierrot, il avait tout été lui rapporter ; qu’on lui avait plus parlé, après.
– Le pauvre, qu’il est allé se faire tuer en Algérie. Quand on y pense.
Charlotte et Clémentine ont sorti les vieilles photos. Vingt ans déjà, que leur vie a basculé, un jour d’avril. Depuis, malgré les efforts d’une nouvelle vie, quelques voyages, des fêtes, les mariages, les enterrements, les baptêmes, elles n’oublient rien. Si, une chose, elles ne sont jamais d’accord sur le nom des rues, qui habitait à tel endroit, à tel autre.
Souvent elles y pensent, en parlent, mais plus particulièrement, certains soirs, quand dans le ciel dégagé, pas une étoile ne manque, que la cloche de l’église tinte, là bas, au loin, son ténu, qu’elles sont seules à entendre. Nous sommes en avril. Alors affluent les souvenirs.
La mère Fantille que l’on a dû emmener de force, qui voulait rester, mourir dans son lit, les objets vite emballés, les meubles attachés sur les charrettes ; la longue file des habitants, partant sans se retourner, les maigres troupeaux de chèvres, les cochons qui grognaient, les chiens, les chats ; la petite Mauricette qui pleurait, parce qu’elle ne trouvait plus son chat, que l’on avait dû redescendre en vitesse au village, l’appeler,regarder dans les coins et moindres recoins, pour retrouver ce chenapan en train de dormir tranquillement sur le fauteuil de la mère Viornet.
Et puis regarder l’eau sillonner les rues, envahir petit à petit les maisons, jusqu’à ce que ne restent plus que les toits de visibles. Chacun fixait son chez-soi, sans en perdre une miette, le cœur lourd. Il ne restait bientôt plus que le clocher de l’église. Quand tout fut englouti, un silence de mort se fit, troublé par quelques pleurs de bébés, et le bruit de cette eau qui montait inexorablement. Alors la petite troupe se remit en route vers le village nouveau, maisonnettes coquettes, petits jardinets, rues rectilignes.
– Et quand on s’était cachées dans la venelle qui mène à l’église, qu’on regardait l’Antoine et la Françoise qui s’embrassaient…

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TITRE DE MAI : Histoires Rondes

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 2 … 1 … ZERO  ( avec trois  deux  UN jour d’avance )

Happy  Premier Mai tout le monde !

Titre de Mai, donc : Histoires Rondes

Contraintes :

1 ) Utiliser le mot « rond » (ou similaires phonétiquement : ron, rhon, raum, etc.. ) dans le titre et au minimum une fois dans le texte

2)  Utiliser un des monuments ronds  que vous trouverez sur  l’autre blog de  Jean-Marie Dutey comme cadre de l’action racontée. Attention, il y a plus d’une centaine de monuments, maisons, aqueducs, gares, et même des GAZOMETRES et un fabuleux monument  complètement délabré avec de superbes peintures  dedans – oui, c’est dingue tout ce qui peut se construire en rond de par le monde. Choisissez celui qui  vous inspire.

Mais OUI, bien sur, on a le feu vert de Jimidi, kèk tu crois ?  Nous pourrons aussi lui chiper les illustrations adéquates si on lui demande gentiment.

Allez, hop, nous avons encore 31 jours devant nous

pour en venir à bout

les petits loups

Aux portes de mai, penser en rond

Nous avons encore 3 UN jour devant nous. Jeudi, nous nous offrirons du muguet, de l’espérance, des choses vertes et blanches, et on se découvrira de tous les fils encombrants.

Le TITRE DE MAI , je l’ai déjà, et je peux vous le dévoiler en partie : le titre seul est court, facile à dire, à mémoriser. Mais il y aura des contraintes. Donc, seulement le titre : HISTOIRES RONDES

Rondement menées, chantées en rond,  et ron et ron et tous les patapons du monde, nouveaux chevaliers de la Table Ronde : HISTOIRES RONDES.  J’attends le feu vert  d’un compère en écriture pour vous en dire davantage, car pour mener à bien nos Histoires Rondes, nous aurons besoin de nous aventurer sur un de ses blogs.

Restez à l’écoute,  le compte à rebours commence : 3 …

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Oops, trop impatiente de partager avec vous,  allez ICI et vous saurez TOUT

 

 

Titre d’avril / Veine, par Jaleph

VEINE.

 

Lionel empoigne le manche de la pioche, imprime un mouvement de balancier : la tête de l’outil percute le mur du fond du garage. Il frappe, sans force. Surtout pas de toutes ses forces : bien qu’il en ait encore un paquet en réserve, l’impact du métal distillerait ses vibrations dans les articulations des épaules. Il ne peut plus se le permettre. Trop amochées les épaules, par son premier boulot, la sculpture de pierres de tailles. Des croix pour la plupart, des madones larmoyantes aussi, et des angelots qui dans les cimetières, devaient répondre aujourd’hui aux attaques des gels hivernaux.

Avant, c’était le printemps de sa vie : un boulot, une femme et deux gosses. D’une certaine façon, c’est lui qui les a quittés. Pas vraiment qu’il en ait pris la décision : les instances judiciaires le firent à sa place. Il avait retrouvé sa famille neuf ans plus tard. Mais d’un côté comme de l’autre des murs, ils avaient changé. Le temps était devenu élastique, leurs visites à la prison s’étaient espacées. Enfin du côté de la liberté, ils finirent par se rencontrer moins encore.

S’il regrettait ? oui. Il avait accepté par défi ou peut-être parce qu’il s’ennuyait dans sa nouvelle profession qui ne lui convenait pas. Gardien de prison, c’est ce qu’il avait trouvé de mieux en attendant il ne savait quoi. Il avait été obligé de changer, les frappes sur les cailloux l’abimaient trop. Le temps passa.

 

Participer au casse, le préparer surtout, peaufiner le mouvement horlogique de la fuite, il en avait ressenti une telle jubilation que la seule pensée de l’illégalité de son geste ne l’effleurait plus. De son emploi de gardien de prison, il passa un contrat complémentaire auprès des malfrats. Des gars sympas au demeurant ; il les avait connu en tant que prisonniers. Avec un peu trop de copinage sur place. Après leur libération, Lionel organisa un barbecue en leur honneur. Cela se passa au cours de ces retrouvailles, en dehors des murs noirs. Ils vidèrent quelques verres de vin. Il était tard quand sa femme rejoignit la chambre à coucher. L’un d’eux présenta une idée géniale : une bijouterie jamais atteinte, mal protégée.

Mais l’informateur s’était gouré, ses révélations n’étaient pas à jour et le casse perpétré, la police n’eut aucune peine à retrouver chacun d’eux grâce à la vidéo de surveillance. Lionel en prit pour plus que son grade. Un gardien de prison qui bascule,  comprenez, faut un exemple !

 

Eldorado 1966, moteur V8 de 7 litres et 340 chevaux, première Cadillac à traction avant. Elle affiche des lignes aiguisées, superbes de rigueur et de proportions malgré des porte-à-faux démesurés et des volumes massifs. Les phares avant sont dissimulés par une trappe intégrée dans la grille de calandre, les roues reçoivent de magnifiques enjoliveurs à sept prises d’air. Le blason Cadillac entouré de sa couronne de lauriers trône au milieu du capot.

La « belle américaine » présentait un état pitoyable quand, pour quelques billets, Lionel en fit l’acquisition. Il la remit en état : les pare-chocs ogivaux déposés, de même que l’énorme calandre, plongèrent dans un bain électrolytique pour briller de chromes tout neufs. De vert-menthe, la voiture fut repeinte en blanc. Lionel proposa sa Cadillac comme voiture de cérémonie et lui-même derrière le volant en qualité de chauffeur.  De plus, il aimait pousser la chansonnette et comme souvent le véhicule était loué pour des mariages, il n’était pas rare qu’on lui demande d’exercer ses talents contre rétribution. Financièrement, il ne s’en sortait pas trop mal. Cela se passa après sa sortie de prison. C’était loin à présent.

 

Lionel donne quelques coups de pioche supplémentaires, les derniers moellons du mur du fond de son garage volent en éclat, offrant une vue dégagée sur le parking des grands magasins qui jouxtent l’arrière de son habitation. Il est temps, une camionnette vient d’arriver à sa hauteur. Deux hommes débarquent une porte de garage toute neuve et entreprennent de l’ajuster dans la nouvelle ouverture.

Le lendemain, dimanche, l’énorme parking est désert. Lionel termine sa tasse de café, rejoint son garage et s’installe au volant de la Cadillac Eldorado. Télécommande : la nouvelle porte à l’arrière de son garage s’ouvre sur le parking. Contact. L’enfer : huit cylindres s’abreuvent d’essence, goulûment. Bouton noir au centre de la console : la capote se replie dans des frémissements de toiles en frôlant le plafond.

Lionel s’est fait éjecter de sa compagnie d’assurance ; aucune autre n’a désiré le repêcher : deux accidents en dix ans mais trop vieux, le prétexte.

 

Devant lui s’étend le vaste parking. Aucun grillage, nulle entrave, le fond de son garage constituait une frontière naturelle. Première automatique : une légère poussée de la pointe du pied droit, l’Eldorado glisse lentement, carrosse brillant, creuset de tant de robes blanches et d’habits noirs, pointant les obus argentés du pare-chocs vers la lumière du jour. Derrière le volant, Lionel serre les dents, l’émotion. La largeur du parking lui fait penser à celle de ces autoroutes surdimensionnées comme on n’en trouve qu’aux Etats-Unis, du moins le croit-il. C’est sans importance. Ce qu’il vient de voir, c’est le début de sa vie, du temps où la voie était ouverte à toutes les directions possibles. L’américaines roule à présent entre les rangées d’emplacements vides. Lionel voit sa vie défiler, les artères se resserrer au fil du temps qui passe. Jusqu’à s’engager dans une rue à sens unique. C’est un cul de sac. Lionel comprend. Impossible d’y faire demi-tour, ni même marche arrière, sans aide. Il est seul. Comme dans la vraie vie, il sait qu’il doit abandonner son véhicule, s’engager à pied en tournant à droite, à gauche, dans une venelle qui serpente entre les dernières maisons. Alors qu’il s’éloigne encore, la venelle se perd en chemin.

Ding, daing, dong, c’est Pâques!

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A vos paniers, les lapins sont descendus de bonne heure dans les jardins, cacher les oeufs; à moins que ce ne soient les cloches revenues de Rome…je m’y perds dans tout cela.

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Soulevez chaque brin d’herbe, plantez votre regard dans ce petit buisson, ce pot de fleur? Là, plus loin, dans les branches du sapin, verts, rouges, jaunes, bleus, ça brille, ça étincelle. Montre-moi ton panier, oh làlà, tu as trouvé tout cela? Tu crois qu’il y en a encore! Va voir, on ne sait jamais…

La cueillette a été bonne, poules, cloches, lapins, oeufs de toutes les couleurs, unis, fleuris, gros, petits, garnis, on admire son trésor, étonné d’en avoir tant trouvé; le chien furète, il en a dépisté un. C’est que, lui aussi aime le chocolat.

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Au repas de midi, oeufs mimosas, tourte à la George Sand, gâteau « Oeufs au nid », on mangera bien à condition de ne pas avoir croqué trop de chocolats avant le repas…

 

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Titre Avril / La départementale

Pour partir d’où j’ai passé mon enfance, de chez mes parents, il n’y a qu’une longue départementale, toute droite au milieu de la forêts des Landes, un long ruban rigide incongru au milieu des pins et des genêts où des chevreuils aveuglés viennent mourir toutes les nuits sur les pare-chocs de conducteurs ennuyés par ces kilomètres monotones d’asphalte. On peut partir très vite, droit devant, c’est pratique. Pour revenir aussi, c’est la même route, toute aussi lisse et rapide, si rapide.

Quand on grandit là, on sait qu’on devra prendre cette grande route droite un jour, parce qu’il n’y a rien d’autre. A 18 ans, on part ou on crève. On se jette tous sur cette large départementale, avec joie, précipitation, angoisse, gourmandise… A nous la vraie vie, à nous la liberté! L’élan s’arrête vite, ne mène la plupart d’entre nous qu’à Bordeaux. Et bien vite, dans quelques mois, quelques années, beaucoup reprendront la grande route droite dans l’autre sens, retrouveront le cocon douillet de leur forêt landaise. Il y a bien quelques aventuriers ambitieux qui continuent, empruntent d’autre avenues, des autoroutes même, toujours plus grandes, toujours plus droites, certains montent à Paris ! On en parle, on se demande ce qui a bien pu les pousser à continuer la route, on les plaint aussi. Les pauvres, loin des pins et des genêts jaunes, loin de notre bruyère, la calune violette, comment font ils ? Heureusement, ils reprennent le chemin tous les étés, toujours la même départementale droite et sèche pour rentrer au bercail une fois par an, en attendant la retraite pour redescendre une dernière fois et s’installer enfin aux milieu des pins.

Mais à chaque génération, on retrouve le rêveur, qui s’est toujours perdu sur les chemins de traverse ou la curieuse qui préférait se balader, le nez en l’air dans les ruelles tortueuses plutôt que de se pavaner sur l’avenue principale. Un ou une enfant bizarre qui pourtant aime l’odeur collante des pins, le parfum de noix de coco des genêts, qui fait des rêves d’ailleurs en agitant les clochettes de la calune. Cet énergumène aussi va s’engouffrer sur la départementale, à 18 ans, mais ne reviendra pas. De détours en détours, de ruelles en chemins, j’ai fini dans un cul de sac…mais ce n’est qu’une pause, qu’une respiration pour laisser aux enfants le temps de grandir avant de reprendre la route. Et pour prendre le temps de leur apprendre à toujours préférer la ruelle cachée aux grandes départementales sans surprise.

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